1) Partir d'une anse et d'une bordure haute Voir les chapitres concernés. 2°) Faire une traverse Comme montré ci-dessous, en amincissant le bois aux coudes pour pouvoir le plier à angle
L'art de la vannerie Vous avez peut-ĂȘtre dĂ©jĂ entendu parler de la vannerie, cet art qui consiste Ă rĂ©aliser des objets Ă lâaide de tiges vĂ©gĂ©tales ? Cette technique existe depuis trĂšs longtemps et les premiers objets de vannerie ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s il y a plus de 10 000 ans ! Contenu1 Que signifie le terme vannerie » ? Histoire de la vannerie2 La vannerie un art respectueux de lâenvironnement3 Les diffĂ©rentes Classification selon la technique Classification selon les matĂ©riaux utilisĂ©s4 Les diffĂ©rentes techniques selon les matĂ©riaux MatĂ©riaux MatĂ©riaux souples5 Quels sont les outils nĂ©cessaires ? 6 Ătat des lieux en France7 Pour en savoir La rĂ©daction de Toutvert vous conseille aussi Câest un travail qui demande une certaine technique et un grand savoir-faire. Alors, si vous souhaitez en savoir plus sur cet art, voici un article complet ! Retrouvez ici la technique, les outils Ă utiliser ainsi que les diffĂ©rents objets Ă fabriquer grĂące au tissage de fibres vĂ©gĂ©tales. AprĂšs lecture, vous saurez tout sur la vannerie ! Que signifie le terme vannerie » ? Câest un art qui consiste Ă fabriquer des objets grĂące Ă des tiges vĂ©gĂ©tales fines et flexibles. Aujourdâhui, les plus cĂ©lĂšbres sont le rotin et lâosier. Les objets rĂ©alisĂ©s par le vannier peuvent ĂȘtre des paniers, des corbeilles, des nattes, des chapeaux ou encore des cabas. Histoire de la vannerie Les premiers objets retrouvĂ©s remontent Ă 10 000 ans et furent dĂ©couverts en Ăgypte. Dâautres objets datent quant Ă eux de 7 000 ans et ont Ă©tĂ© trouvĂ©s au Moyen-Orient. Dans certains cas, des traces de vannerie sont Ă©galement retrouvĂ©es sur des poteries, par exemple. Autrefois, la vannerie Ă©tait une importante source Ă©conomique, mais au fil du temps cet artisanat sâest rarĂ©fiĂ©. Ceci est surtout dĂ» au manque de mĂ©canisation pour fabriquer les objets. La vannerie un art respectueux de lâenvironnement La vannerie est un geste Ă©cologique, car un panier en osier remplace des milliers de sacs plastiques. De plus, les objets fabriquĂ©s comme les paniers en osier peuvent ĂȘtre utilisĂ©s sur le long terme et restaurĂ©s lorsquâils en ont besoin. Un joli geste Ă©cologique ! Cette pratique nâengendre pas de coĂ»ts importants, car elle nĂ©cessite que des Ă©lĂ©ments naturels. Les diffĂ©rentes classifications Selon la mĂ©thode employĂ©e pour fabriquer les objets, cette pratique est diffĂ©rente et peut ĂȘtre classĂ©e en fonction des matĂ©riaux utilisĂ©s ou de la technique employĂ©e. Classification selon la technique employĂ©e On parlera de vannerie spiralĂ©e dĂšs lors que les brins de fibres formeront un toron enroulĂ© sur lui-mĂȘme en forme de spirale. Pour ce type de vannerie, les matĂ©riaux utilisĂ©s peuvent ĂȘtre des herbes, du bois ou des feuilles. La vannerie Ă nappes est une technique qui ressemble au tissage et qui utilise des matiĂšres en forme de ruban comme les feuilles de palmier. Enfin, la vannerie tressĂ©e utilise au minimum deux brins flexibles entrecroisĂ©s et des brins de clĂŽture. Les premiers forment la structure et les deuxiĂšmes assurent le maintien de cette derniĂšre. Câest le type le plus rĂ©pandu en Europe. Classification selon les matĂ©riaux utilisĂ©s En vannerie, plusieurs matĂ©riaux peuvent ĂȘtre utilisĂ©s. Selon leur nature, on parlera de vanneries dâosier tressĂ©es, de rotin spiralĂ©es et tressĂ©es, de bambou spiralĂ©es, tressĂ©es ou Ă nappes, de chĂątaignier, de paille en cordon spiralĂ© ou tressĂ©, de noisetier, de jonc, de palmier, de maĂŻs ou dâautres bois chĂȘne, bouleau, tilleul, frĂȘneâŠ. Les diffĂ©rentes techniques selon les matĂ©riaux utilisĂ©s Selon les matĂ©riaux utilisĂ©s, voici les diverses techniques employĂ©es MatĂ©riaux rigides Fonds sur croisĂ©e ovale. Fond sur croisĂ©e ronde. Fond plat ovale. Fond plat rond. Des anses, des bordures, des montants et des clĂŽtures font aussi partie des techniques pour les matĂ©riaux rigides. Les matĂ©riaux utiles MatĂ©riaux souples Technique du hochet. Vannerie spiralĂ©e cousue. Ćil de Dieu. Tresses et bandes nattĂ©es. Quels sont les outils nĂ©cessaires ? Lâart de la vannerie demande lâutilisation dâoutils spĂ©cifiques comme un couteau de vannier dont le bout est lĂ©gĂšrement recourbĂ©, des fendoirs en bois dur pour couper les brins dâosier en parties Ă©gales ou encore le trusquin pour diminuer lâĂ©paisseur des brins pour en obtenir des plus fins. Un ciroir pour Ă©corcer les brins dâosier et une batte sont aussi nĂ©cessaires. Dâautres outils peuvent aussi se rĂ©vĂ©ler nĂ©cessaires pour la pratiquer maillet, sĂ©cateur ou encore une serpette. Ătat des lieux en France Aujourdâhui, en France, la vannerie est un art qui devient rare. Cependant, certains villages pratiquent encore cette technique et continuent Ă fabriquer de jolis objets. Ceci est notamment le cas en Indre-et-Loire oĂč la coopĂ©rative de vannerie regroupe 70 vanniers. En France, une Ă©cole de vannerie lĂcole nationale dâosiĂ©riculture et de vannerie prĂ©pare Ă©galement des jeunes au mĂ©tier de vannier. Elle est situĂ©e en Haute-Marne. Pour en savoir plus La rĂ©daction de Toutvert vous conseille aussi Street art quand lâart et la nature se mĂȘlent. Le Land Art ou lâart dans la nature ». Upcycling ces ressourceries qui transforment des dĂ©chets en objets dâart. Rock Garden la plus grande Ćuvre dâart rĂ©alisĂ©e Ă partir de dĂ©chets recyclĂ©s. Snow Art crĂ©ations sur neige par Simon Beck. Street art green graffiti » signĂ© Nuxuno XĂ€n Ă Fort-De-France. Recyclage crĂ©atif des rĂ©utilisations surprenantes de bouteilles en plastique. Gowanus Canal, un lieu oĂč art et pollution se mĂ©langent. Lâart de remettre en Ă©tat et Ă son goĂ»t un meuble rĂ©cupĂ©rĂ©. NĂ©e en 1991 Ă Lyon, Julie nâa jamais quittĂ© sa ville natale. DiplĂŽmĂ©e dâune Licence en Langues Ă©trangĂšres anglais et espagnol, puis dâun Master 2 Management des Organisations et des Entreprises », elle sâest lancĂ©e en tant que rĂ©dactrice freelance en septembre 2016. Depuis toujours, elle est passionnĂ©e par lâĂ©criture. Adepte Ă©galement des produits bios et du dĂ©veloppement durable, elle a rĂ©ussi Ă combiner ses deux passions en devenant rĂ©dactrice web pour Toutvert en 2017. Durant son temps libre, elle aime voyager, lire, se balader au beau milieu de la nature et dĂ©couvrir de nouveaux petits villages.
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Apart ca les Khmers sont des gens charmants mais il ne faut pas les enerver. Le Belge, l annee derniere, s est fait plante un couteau a viande en travers de la gueule, les gros couteaux rectangulaires. Il avait insulte ouvertement des khmers pendant une soiree en disant qu il etait le chef (il venait de s associer avec Gunter pour etre son chef cusinier). 3 minutes plus
[Lafautearousseau â ActualisĂ© le Les Dieux ont soif » est un roman dâAnatole France, publiĂ© en feuilleton dans la Revue de Paris du 15 octobre 1911 au 15 janvier 1912, puis en volume chez Calmann-LĂ©vy Ă la mi juin 1912. La sociĂ©tĂ© devient enfer dĂšs quâon veut en faire un paradis. » Cette pensĂ©e si juste de Gustave Thibon accompagne le lecteur tout au long de cette impeccable dissection de la dĂ©mence rĂ©volutionnaire, qui renvoie Ă cette autre phrase, monstrueuse celle-lĂ , prononcĂ©e par Staline, et qui lĂ©gitime » ! tous les gĂ©nocides Le problĂšme, câest les hommes; pas dâhommes, pas de problĂšme !⊠» De mĂȘme que le personnage central du roman, le peintre ratĂ© Evariste Gamelin, fait irrĂ©sistiblement penser Ă la morale de la Fable dâAnouilh, Le loup et la vipĂšre » Petits garçons heureux, Hitler ou Robespierre, Combien de pauvres hĂšres Qui seraient morts chez eux ? »⊠En voici quelques morceaux choisis, quelques bonnes feuilles » dont la lecture sera intĂ©ressante Ă quelques jours de la commĂ©moration de lâexĂ©cution de Louis XVI. 1. Chapitre 1, page 1 la vraie devise de la RĂ©publique idĂ©ologique française âŠSur la façadeâŠles emblĂšmes religieux avaient Ă©tĂ© martelĂ©s et lâon avait inscrit en lettres noires au-dessus de la porte la devise rĂ©publicaine LibertĂ©, EgalitĂ©, FraternitĂ© ou la Mort ⊠2. Chapitre 9, page 122 Evariste Gamelin devait entrer en fonctions le 14 septembre, lors de la rĂ©organisation du Tribunal, divisĂ© dĂ©sormais en quatre sections, avec quinze jurĂ©s pour chacune. Les prisons regorgeaient lâaccusateur public travaillait dix-huit heures par jour. Aux dĂ©faites des armĂ©es, aux rĂ©voltes des provinces, aux conspirations, aux complots, aux trahisons, la Convention opposait la Terreur. Les Dieux avaient soif⊠» 3. Chapitre 13, page 204 priĂšre Ă Sainte Guillotine, comme les chrĂ©tiens priaient Sainte-GeneviĂšve âŠil voyait partout des conspirateurs et des traĂźtres. Et il songeait âŠRĂ©publique ! contre tant dâennemis, secrets ou dĂ©clarĂ©s, tu nâas quâun secours. Sainte Guillotine, sauve la patrie !⊠» 4. Chapitre 15, pages 224/225/226 pour Marie-Antoinette, câest lâhallali⊠Il fallait vider les prisons qui regorgeaient; il fallait juger, juger sans repos ni trĂȘve. Assis contre les murailles tapissĂ©es de faisceaux et de bonnets rouges, comme leurs pareils sur les fleurs de lys, les juges gardaient la gravitĂ©, la tranquillitĂ© terrible de leurs prĂ©dĂ©cesseurs royaux. Lâaccusateur public et ses substituts, Ă©puisĂ©s de fatigue, brĂ»lĂ©s dâinsomnie et dâeau-de-vie, ne secouaient leur accablement que par un violent effort; et leur mauvaise santĂ© les rendait tragiques. Les jurĂ©s, divers dâorigine et de caractĂšre, les uns instruits, les autres ignares, lĂąches ou gĂ©nĂ©reux, doux ou violents, hypocrites ou sincĂšres, mais qui tous, dans le danger de la patrie et de la RĂ©publique, sentaient ou feignaient de sentir les mĂȘmes angoisses, des brĂ»ler des mĂȘmes flammes, tous atroces de vertu ou de peur, ne formaient quâun seul ĂȘtre, une seule tĂȘte sourde, irritĂ©e, une seule Ăąme, une bĂȘte mystique, qui par lâexercice naturel de ses fonctions, produisait abondamment la mort. Bienveillants ou cruels par sensibilitĂ©, secouĂ©s soudain par un brusque mouvement de pitiĂ©, ils acquittaient avec des larmes un accusĂ© quâils eussent, une heure auparavant, condamnĂ© avec des sarcasmes. A mesure quâils avançaient dans leur tĂąche, ils suivaient plus impĂ©tueusement les impulsions de leur coeur. Ils jugeaient dans la fiĂšvre et dans la somnolence que leur donnait lâexcĂšs de travail, sous les excitations du dehors et les ordres du souverain, sous les menaces des sans-culottes et des tricoteuses pressĂ©s dans les tribunes et dans lâenceinte publique, dâaprĂšs des tĂ©moignages forcenĂ©s, sur des rĂ©quisitoires frĂ©nĂ©tiques, dans un air empestĂ©, qui appesantissait les cerveaux, faisait bourdonner les oreilles et battre les tempes et mettait un voile de sang sur les yeux. Des bruits vagues couraient dans le public sur des jurĂ©s corrompus par lâor des accusĂ©s. Mais Ă ces rumeurs le jury tout entier rĂ©pondait par des protestations indignĂ©es et des condamnations impitoyables. Enfin, câĂ©taient des hommes, ni pires ni meilleurs que les autres. Lâinnocence, le plus souvent, est un bonheur et non pas une vertu quiconque eĂ»t acceptĂ© de se mettre Ă leur place eĂ»t agi comme eux et accompli dâune Ăąme mĂ©diocre ces tĂąches Ă©pouvantables. Antoinette, tant attendue, vint enfin sâasseoir en robe noire dans le fauteuil fatal, au milieu dâun tel concert de haine que seule la certitude de lâissue quâaurait le jugement en fit respecter les formes. Aux questions mortelles, lâaccusĂ©e rĂ©pondit tantĂŽt avec lâinstinct de la conservation, tantĂŽt avec sa hauteur accoutumĂ©e,, et, une fois, grĂące Ă lâinfamie dâun de ses accusateurs, avec la majestĂ© dâune mĂšre. Lâoutrage et la calomnie seuls Ă©taient permis aux tĂ©moins; la dĂ©fense fut glacĂ©e dâeffroi. Le tribunal, se contraignant Ă juger dans les rĂšgles, attendait que tout cela fĂ»t fini pour jeter la tĂȘte de lâAutrichienne Ă lâEurope⊠» 5. Chapitre 15, pages 229/230 le jugement des Girondins⊠âŠRentrĂ© chez lui, il reçut avis quâil Ă©tait nommĂ© membre du conseil gĂ©nĂ©ral de la Commune. Candidat depuis quatre mois, il avait Ă©tĂ© Ă©lu sans concurrent, aprĂšs plusieurs scrutins, par une trentaine de suffrages. On ne votait plus les sections Ă©taient dĂ©sertes; riches et pauvres ne cherchaient quâĂ se soustraire aux charges publiques. Les plus grands Ă©vĂšnements nâexcitaient plus ni enthousiasme ni curiositĂ©; on ne lisait plus les journaux, Evariste doutait si, sur les sept cent mille habitants de la capitale, trois ou quatre mille seulement avaient encore lâĂąme rĂ©publicaine. Ce jour-lĂ , les Vingt et Un comparurent ci dessous, lâarrestation des Girondins, ndlr. Innocents ou coupables des malheurs et des crimes de la RĂ©publique, vains, imprudents, ambitieux et lĂ©gers, Ă la fois modĂ©rĂ©s et violents, faibles dans la terreur comme dans la clĂ©mence, prompts Ă dĂ©clarer la guerre, lents Ă la conduire, traĂźnĂ©s qu Tribunal sur lâexemple quâils avaient donnĂ©, ils nâĂ©taient pas moins la jeunesse Ă©clatante de la RĂ©volution; ils en avaient Ă©tĂ© le charme et la gloire. Ce juge, qui va les interroger, avec une partialitĂ© savante; ce blĂȘme accusateur, qui, lĂ , devant sa petite table, prĂ©pare leur mort et leur dĂ©shonneur; ces jurĂ©s, qui voudront tout-Ă -lâheure Ă©touffer leur dĂ©fense; ce public des tribunes, qui les couvre dâinvectives et de huĂ©es, juge, jurĂ©s, peuple, ont naguĂšre applaudi leur Ă©loquence, cĂ©lĂ©brĂ© leurs talents, leurs vertus. Mais ils ne se souviennent plus. Evariste avait fait jadis son dieu de Vergniaud, son oracle de Brissot. Il ne se rappelait plus, et, sâil restait dans sa mĂ©moire quelque vestige de son antique admiration, câĂ©tait pour concevoir que ces monstres avaient sĂ©duit les meilleurs citoyens⊠» 5bis. Chapitre 16, pages 237/238 âŠLes jours qui suivirent, le Tribunal sâoccupa sans relĂąche dâanĂ©antir le fĂ©dĂ©ralisme, qui, comme une hydre, avait menacĂ© de dĂ©vorer la libertĂ©. Ce furent des jours chargĂ©s; et les jurĂ©s, Ă©puisĂ©s de fatigue, expĂ©diĂšrent le plus rapidement possible la femme Roland, inspiratrice ou complice des crimes de la faction brissotine⊠» 6. Chapitre 19, page 280 âŠLa terreur, de mois en mois, grandissait. Chaque nuit, les geĂŽliers ivres, accompagnĂ©s de leurs chiens de garde, allaient de cachot en cachot, portant des actes dâaccusation, hurlant des noms quâils estropiaient, rĂ©veillaient les prisonniers et pour vingt victimes dĂ©signĂ©s en Ă©pouvantaient deux cents. Dans ces corridors, pleins dâombres sanglantes, passaient chaque jour, sans une plainte, vingt, trente, cinquante condamnĂ©s, vieillards, femmes, adolescents, et si divers de condition, de caractĂšre, de sentiment, quâon se demandait sâils nâavaient pas Ă©tĂ© tirĂ©s au sort⊠» 6bis. Chapitre 19, pages 283/284 ⊠â Jâai Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e comme royaliste. On mâaccuse dâavoir conspirĂ© pour dĂ©livrer la reine. Comme je vous savais ici, jâai tout de suite cherchĂ© Ă vous voir. Ecoutez-moi, mon ami, car vous voulez bien que je vous donne ce nom ? Je connais des gens en place; jâai, je le sais, des sympathies jusque dans le ComitĂ© de salut public. Je ferai agir des amis ils me dĂ©livreront, et je vous dĂ©livrerai Ă mon tour. Mais Brotteaux, dâune voix qui se fit pressante â Par tout ce que vous avez de cher, mon enfant, nâen faites rien ! NâĂ©crivez pas, ne sollicitez pas; ne demandez rien Ă personne, je vous en conjure, faites-vous oublier. Comme elle ne semblait pas pĂ©nĂ©trĂ©e de ce quâil disait, il se fit plus suppliant encore â Gardez le silence. Rose, faites-vous oublier lĂ est le salut. Tout ce que vos amis tenteraient ne ferait que hĂąter votre perte. Gagnez du temps. Il en faut peu, trĂšs peu, jâespĂšre, pour vous sauver. Surtout nâessayez pas dâĂ©mouvoir les juges, les jurĂ©s, un Gamelin. Ce ne sont pas des hommes, ce sont des choses on ne sâexplique pas avec les choses. Faites-vous oublier. Si vous suivez mon conseil, mon amie, je mourrai heureux de vous avoir sauvĂ© la vie⊠» 7. Chapitre 20, pages 286 Ă 290 intĂ©gralitĂ© du chapitre la paranoĂŻa enfle â comme dans Le grand air de la calomnie âŠLe tapage va croissant / Ă la fin elle dĂ©borde et Ă©clate, se propage, redouble, / Et produit une explosion /Un sĂ©isme, un orage, / Un tumulte gĂ©nĂ©ral⊠». Comme Staline, Gamelin voit des ennemis/traĂźtres partout⊠Evariste Gamelin, pendant une longue audience du Tribunal, Ă son banc, dans lâair chaud, ferme les yeux et pense Les mĂ©chants, en forçant Marat Ă se cacher dans les trous, en avaient fait un oiseau de nuit, lâoiseau de Minerve, dont lâoeil perçait les conspirateurs dans les tĂ©nĂšbres, oĂč ils se dissimulaient. Maintenant, câest un regard bleu, froid, tranquille, qui pĂ©nĂštre les ennemis de lâEtat et dĂ©nonce les traĂźtres avec une subtilitĂ© inconnue mĂȘme Ă lâAmi du peuple, endormi pour toujours dans le jardin des Cordeliers. Le nouveau sauveur, aussi zĂ©lĂ© et plus perspicace que le premier, voit ce que personne nâavait vu et son doigt levĂ© rĂ©pand la terreur. Il distingue les nuances dĂ©licates, imperceptibles, qui sĂ©parent le mal du bien, le vice de la vertu, que sans lui ont eĂ»t confondues, au dommage de la patrie et de la libertĂ©; il trace devant lui la ligne mince, inflexible, en dehors de laquelle il nâest, Ă gauche et Ă droite, quâerreur, crime et scĂ©lĂ©ratesse. Lâincorruptible enseigne comment on sert lâĂ©tranger par exagĂ©ration et par faiblesse, en persĂ©cutant les cultes au nom de la raison, et en rĂ©sistant au nom de la religion aux lois de la RĂ©publique. Non moins que les scĂ©lĂ©rats qui immolĂšrent Le Peltier et Marat, ceux qui leur dĂ©cernent des honneurs divins pour compromettre leur mĂ©moire servent lâĂ©tranger. Agent de lâĂ©tranger, quiconque rejette les idĂ©es dâordre, de sagesse, dâopportunitĂ©; agent de lâĂ©tranger, quiconque outrage les moeurs, offense la vertu, et, dans le dĂ©rĂšglement de son coeur, nie Dieu. Les prĂȘtres fanatiques mĂ©ritent la mort; mais il y a une maniĂšre contre-rĂ©volutionnaire de combattre le fanatisme; il y a des abjurations criminelles. ModĂ©rĂ©, on perd la RĂ©publique; violent, on la perd. Oh ! redoutables devoirs du juge, dictĂ©s par le plus sage des hommes ! Ce ne sont plus seulement les aristocrates, les fĂ©dĂ©ralistes , les scĂ©lĂ©rats de la faction dâOrlĂ©ans, les ennemis dĂ©clarĂ©s de la patrie quâil faut frapper. Le conspirateur, lâagent de lâĂ©tranger est un ProtĂ©e, il prend toutes les formes. Il revĂȘt lâapparence dâun patriote, dâun rĂ©volutionnaire, dâun ennemi des rois; il affecte lâaudace dâun coeur qui en bat que pour la libertĂ©; il enfle la voix et fait trembler les ennemis de la RĂ©publique câest Danton; sa violence cache mal son odieux modĂ©rantisme et sa corruption apparaĂźt enfin. Le conspirateur, lâagent de lâĂ©tranger, câest ce bĂšgue Ă©loquent qui mit Ă son chapeau la premiĂšre cocarde des rĂ©volutionnaires, câest ce pamphlĂ©taire qui, dans son civisme ironique et cruel, sâappelait lui-mĂȘme le procureur de la lanterne », câest Camille Desmoulins il sâest dĂ©celĂ© en dĂ©fendant les gĂ©nĂ©raux traĂźtres et en rĂ©clamant les mesures criminelles dâune clĂ©mence intempestive. Câest Philippeaux, câest HĂ©rault, câest le mĂ©prisable Lacroix. Le conspirateur, lâagent de lâĂ©tranger, câest ce pĂšre Duchesne qui avilit la libertĂ© par sa basse dĂ©magogie et de qui les immondes calomnies rendirent Antoinette elle-mĂȘme intĂ©ressante. Câest Chaumette, quâon vit pourtant doux, populaire, modĂ©rĂ©, bonhomme et vertueux, dans lâadministration de la Commune, mais il Ă©tait athĂ©e ! Les conspirateurs, les agents de lâĂ©tranger, ce sont tous ces sans-culottes en bonnet rouge, en carmagnole, en sabots, qui ont follement renchĂ©ri de patriotisme sur les jacobins. Le conspirateur, lâagent de lâĂ©tranger, câest Anacharsis Cloots, lâorateur du genre humain, condamnĂ© Ă mort par toutes les monarchies du monde; mais on devait tout craindre de lui il Ă©tait Prussien. Illustration caricature royaliste, montrant Robespierre guillotinant un innocent, la pyramide derriĂšre lui porte lâinscription Ci-gĂźt toute la France »; Ă rapprocher de la fameuse Ă©pitaphe apocryphe du mĂȘme Robespierre Passant, ne pleure pas sur mon sort / Si je vivais tu serais mort ! » Maintenant, violents et modĂ©rĂ©s, tous ces mĂ©chants, tous ces traĂźtres, Danton, Desmoulins, HĂ©bert, Chaumette ont pĂ©ri sous la hache. La RĂ©publique est sauvĂ©e; un concert de louanges monte de tous les comitĂ©s et de toutes les assemblĂ©es populaires vers Maximilien et la Montagne. Les bons citoyens sâĂ©crient Dignes reprĂ©sentants dâun peuple libre, câest en vain que les enfants des Titans ont levĂ© leur tĂȘte altiĂšre Montagne bienfaisante, SinaĂŻ protecteur, de ton sein bouillonnant est sorti la foudre salutaire ». En ce concert, le Tribunal a sa part de louanges. Quâil est doux dâĂȘtre vertueux et combien la reconnaissance publique est chĂšre au coeur du juge intĂšgre ! Cependant, pour un coeur patriote, quel sujet dâĂ©tonnement et quelles causes dâinquiĂ©tude ! Quoi ! pour trahir la cause populaire, ce nâĂ©tait donc pas assez de Mirabeau, de La Fayette, de Bailly, de PĂ©tion, de Brissot ? Il y fallait encore ceux qui ont dĂ©noncĂ© ces traĂźtres ? Quoi ! tous les hommes qui ont fait la RĂ©volution ne lâont faite que pour la perdre ! Ces grands auteurs des grandes journĂ©es prĂ©paraient avec Pitt et Cobourg la royautĂ© dâOrlĂ©ans ou la tutelle de Louis XVII. Quoi ! Danton, câĂ©tait Monk ! Quoi ! Chaumette et les hĂ©bertistes, plus perfides que les fĂ©dĂ©ralistes quâils ont poussĂ© sous le couteau, avaient conjurĂ© la ruine de lâempire ! Mais parmi ceux qui prĂ©cipitent Ă la mort les perfides Danton et les perfides Chaumette, lâoeil bleu de Robespierre nâen dĂ©couvrira-t-il pas de plus perfides encore ? OĂč sâarrĂȘtera lâexĂ©crable enchaĂźnement des traĂźtres trahis et la perspicacitĂ© de lâIncorruptible⊠» Illustration Charlotte Corday sur la charrette⊠8. Chapitre 22, pages 298 Ă 301 la FĂȘte de lâĂtre suprĂȘme du 8 juin 1794 et la loi de prairial » du 10 juin 94, ouvrant la Grande Terreur » par suppression de tous les droits des accusĂ©s⊠Une montagne sâest Ă©levĂ©e subitement dans le jardin des Tuileries. Le ciel est sans nuages. Maximilien marche devants es collĂšgues en habit bleu, en culotte jaune, ayant Ă al main un bouquet dâĂ©pis, de bleuets et de coquelicots. Il gravit la montagne et annonce le dieu de Jean-Jacques Ă la RĂ©publique attendrie. Ă puretĂ© ! ĂŽ douceur ! ĂŽ foi ! ĂŽ simplicitĂ© antique ! ĂŽ larmes de pitiĂ© ! ĂŽ rosĂ©e fĂ©conde ! ĂŽ clĂ©mence ! ĂŽ fraternitĂ© humaine ! En vain lâathĂ©isme dresse encore sa face hideuse Maximilien saisit une torche; les flammes dĂ©vorent le monstre et la Sagesse apparaĂźt, dâune main montrant le ciel, de lâautre tenant une couronne dâĂ©toiles. Sur lâestrade dressĂ©e contre le palais des Tuileries, Evariste, au milieu de la foule Ă©mue, verse de douces larmes et rend grĂąces Ă Dieu. Il voit sâouvrir une Ăšre de fĂ©licitĂ©. Il soupire â Enfin nous serons heureux, purs, innocents, si les scĂ©lĂ©rats le permettent. HĂ©las ! les scĂ©lĂ©rats ne lâont pas permis. Il faut encore des supplices; il faut encore verser des flots de sang impur. Trois jours aprĂšs la fĂȘte de la nouvelle alliance et la rĂ©conciliation du ciel et de la terre, la Convention promulgue la loi de prairial qui supprime avec une sorte de bonhomie terrible toutes les formes traditionnelles de la loi, tout ce qui a Ă©tĂ© conçu depuis le temps des Romains Ă©quitables pour la sauvegarde de lâinnocence soupçonnĂ©e. Plus dâinstructions, plus dâinterrogatoires, plus de tĂ©moins, plus de dĂ©fenseurs lâamour de la patrie supplĂ©e Ă tout. LâaccusĂ©, qui porte renfermĂ© en lui son crime ou son innocence, passe muet devant le jurĂ© patriote. Et câest dans ce temps quâil faut discerner sa cause parfois difficile, souvent chargĂ©e et obscurcie. Comment juger maintenant ? Comment reconnaĂźtre en un instant lâhonnĂȘte homme et le scĂ©lĂ©rat, le patriote et lâennemi de la patrie ? AprĂšs un moment de trouble, Gamelin comprit ses nouveaux devoirs et sâaccommoda Ă ses nouvelles fonctions. Il reconnaissait dans lâabrĂ©viation de la procĂ©dure les vrais caractĂšres de cette justice salutaire et terrible dont les ministres nâĂ©taient point des chats-fourrĂ©s pesant Ă loisir le pour et le contre dans leurs gothiques balances, mais des sans-culottes jugeant par illumination patriotique et voyant tout dans un Ă©clair. Alors que les garanties, les prĂ©cautions eussent tout perdu, les mouvements dâun coeur droit sauvaient tout. Il fallait suivre les impulsions de la nature, cette bonne mĂšre, qui ne se trompe jamais; il fallait juger avec le coeur, et Gamelin faisait des invocations aux mĂąnes de Jean-Jacques â Homme vertueux, inspire-moi, avec lâamour des hommes, lâardeur de les rĂ©gĂ©nĂ©rer ! Ses collĂšgues, pour la plupart, sentaient comme lui. CâĂ©tait surtout des simples; et, quand les formes furent simplifiĂ©es, ils se trouvĂšrent Ă leur aise. La justice abrĂ©gĂ©e les contentait. Rien, dans sa marche accĂ©lĂ©rĂ©e, ne les troublait plus. Ils sâenquĂ©raient seulement des opinions des accusĂ©s, ne concevant pas quâon pĂ»t sans mĂ©chancetĂ© penser autrement quâeux. Comme ils croyaient possĂ©der la vĂ©ritĂ©, la sagesse, le souverain bien, ils attribuaient Ă leurs adversaires lâerreur et le mal. Ils se sentaient forts ils voyaient Dieu. Ils voyaient Dieu, ces jurĂ©s du Tribunal rĂ©volutionnaire. LâĂȘtre suprĂȘme, reconnu par Maximilien, les inondait de ses flammes. Ils aimaient, ils croyaient⊠» 8bis. Chapitre 22, pages 301/302 suite du prĂ©cĂ©dent passage âŠLe fauteuil de lâaccusĂ© avait Ă©tĂ© remplacĂ© par une vaste estrade pouvant contenir cinquante individus on ne procĂ©dait plus que par fournĂ©es. Lâaccusateur public rĂ©unissait dans une mĂȘme affaire et inculpait comme complices des gens qui souvent au tribunal se rencontraient pour la premiĂšre fois. Le Tribunal jugea avec les facilitĂ©s terribles de la loi de prairial ces prĂ©tendues conspirations des prisons qui, succĂ©dant aux proscriptions des dantonistes et de la Commune, sây rattachaient par les artifices dâune pensĂ©e subtile⊠âŠLe Tribunal expĂ©diait, ce jour-lĂ , une partie de la grande conspiration des prisons, une trentaine de conspirateurs du Luxembourg, captifs trĂšs soumis, mais royalistes ou fĂ©dĂ©ralistes trĂšs prononcĂ©s. Lâaccusation reposait tout entiĂšre sur lâaccusation dâun seul dĂ©lateur. Les jurĂ©s ne savaient pas un mot de lâaffaire; ils ignoraient jusquâaux noms des conspirateurs⊠» 9. Chapitre 24, pages 317 Ă fin du chapitre âŠLes charrettes attendaient. On y entassa les condamnĂ©s, les mains liĂ©es. La femme Rochemaure, dont la grossesse nâavait pas Ă©tĂ© reconnue par le chirurgien, fut hissĂ©e dans un des tombereaux. Elle retrouva un peu de son Ă©nergie pour pour observer la foule des spectateurs, espĂ©rant contre toute espĂ©rance y trouver des sauveurs. Ses yeux imploraient. Lâaffluence Ă©tait moindre quâautrefois et les mouvements des esprits moins violents. Quelques femmes seulement criaient A mort ! » ou raillaient ceux qui allaient mourir. Les hommes haussaient les Ă©paules, dĂ©tournaient la tĂȘte et se taisaient, soit par prudence, soit par respecte des lois. Il y eut un frisson dans la foule quand AthĂ©naĂŻs passa le guichet. Elle avit lâair dâun enfant. Elle sâinclina devant le religieux â Monsieur le curĂ©, lui dit-elle, donnez-moi lâabsolution. Le PĂšre Longuemare murmura gravement les paroles sacramentelles et dit -Ma fille ! Vous ĂȘtes tombĂ©e dans de grands dĂ©sordres; mais que ne puis-je prĂ©senter au Seigneur un coeur aussi simple que le vĂŽtre ! Elle monta, lĂ©gĂšre, dans la charrette. Et lĂ , le buste droit, sa tĂȘte dâenfant fiĂšrement dressĂ©e; elle sâĂ©cria â Vive le roi !⊠âŠTandis que les roues tournaient en grinçant sur le pavĂ© du long faubourg, le religieux rĂ©citait les priĂšres des agonisants. Brotteaux se remĂ©morait les vers du poĂšte de la nature Sic ubi non erimus ndlr citation de LucrĂšce de mĂȘme, quand nous ne serons plus », plus rien ne pourra nous atteindre⊠A son cĂŽtĂ©, AthĂ©naĂŻs, fiĂšre de mourir ainsi que la reine de France, jetait sur la foule un regard hautain⊠» 10. Chapitre 25, pages 321 Ă 324 Terreur salutaire, ĂŽ sainte terreur !⊠» âŠTerreur salutaire, ĂŽ sainte terreur ! LâannĂ©e passĂ©, Ă pareille Ă©poque, nous avions pour dĂ©fenseurs dâhĂ©roĂŻques vaincus en guenilles; le sol de la patrie Ă©tait envahi, les deux tiers des dĂ©partements en rĂ©volte ci contre. Maintenant nos armĂ©es bien Ă©quipĂ©es, bien instruites, commandĂ©es par dâhabiles gĂ©nĂ©raux, prennent lâoffensive, prĂȘtes Ă porter la libertĂ© par le monde. La paix rĂšgne sur tout le territoire de la RĂ©publique. Terreur salutaire, ĂŽ sainte terreur ! aimable guillotine ! lâannĂ©e passĂ©e, Ă pareille Ă©poque, la RĂ©publique Ă©tait dĂ©chirĂ©e par les factions; lâhydre du fĂ©dĂ©ralisme menaçait de la dĂ©vorer. Maintenant lâunitĂ© jacobine Ă©tend sur lâempire sa force et sa sagesse. » Cependant il Ă©tait sombre. Un pli profond lui barrait le front; sa bouche Ă©tait amĂšre. Il songeait Nous disons Vaincre ou mourir. Nous nous trompions, câest vaincre et mourir quâil fallait dire. » Il regardait autour de lui. Les enfants faisaient des tas de sable. Les citoyennes sur leur chaise de bois, au pied des arbres, brodaient ou cousaient. Les passants en habit et culotte dâune Ă©lĂ©gance Ă©trange, songeant Ă leurs affaires ou Ă leurs plaisirs, regagnaient leur demeure. Et Gamelin se sentait seul parmi eux il nâĂ©tait ni leur compatriote ni leur contemporain. Que sâĂ©tait-il donc passĂ© ? Comment Ă lâenthousiasme des belles annĂ©es avait succĂ©dĂ© lâindiffĂ©rence, la fatigue et, peut-ĂȘtre, le dĂ©goĂ»t ? Visiblement, ces gens-lĂ ne voulaient plus entendre parler du Tribunal rĂ©volutionnaire et se dĂ©tournaient de la guillotine. Devenue trop importune sur la place de la RĂ©volution, on lâavait renvoyĂ©e au bout du faubourg Antoine. LĂ mĂȘme, au passage des charrettes, on murmurait. Quelques voix, dit-on, avaient criĂ© Assez ! » Assez, quand il y avait encore des traĂźtres, des conspirateurs ! Assez, quand il fallait renouveler les comitĂ©s, Ă©purer la Convention ! Assez, quand des scĂ©lĂ©rats dĂ©shonoraient la reprĂ©sentation nationale ! Assez, quand on mĂ©ditait jusque dans le tribunal rĂ©volutionnaire la perte du Juste ! Car, chose horrible Ă penser et trop vĂ©ritable ! Fouquier lui-mĂȘme ourdissait des trames, et câĂ©tait pour perdre Maximilien quâil lui avait immolĂ© pompeusement cinquante-sept victimes traĂźnĂ©es Ă la mort dans la chemise rouge des parricides. A quelle pitiĂ© criminelle cĂ©dait la France ? ndlr Fouquier-Tinville, ci contre, lâaccusateur public du Tribunal rĂ©volutionnaire Il fallait donc la sauver malgrĂ© elle et, lorsquâelle criait grĂące, se boucher les oreilles et frapper. HĂ©las ! les destins lâavaient rĂ©solu la patrie maudissait ses sauveteurs. Quâelle nous maudisse et soit sauvĂ©e ! Câest trop peu que dâimmoler des victimes obscures, des aristocrates, des financiers, des publicistes, des poĂštes, un Lavoisier, un Roucher, un AndrĂ© ChĂ©nier. Il faut frapper ces scĂ©lĂ©rats tout-puissants qui, les mains pleines dâor et dĂ©gouttantes de sang, prĂ©parant la ruine de la Montagne, les Foucher, les Tallien, les RovĂšre, les Carrier, les Bourdon. Il faut dĂ©livrer lâEtat de tous ses ennemi. Si HĂ©bert avait triomphĂ©, la Convention Ă©tait renversĂ©e, la RĂ©publique roulait aux abĂźmes; si Desmoulins et Danton avaient triomphĂ©, la Convention, sans vertus, livrait la RĂ©publique aux aristocrates, aux agioteurs et aux gĂ©nĂ©raux. Si les Tallien, les FouchĂ©, monstres forgĂ©s de sang et de rapines, triomphent, la France se noie dans le crime et lâinfamie. Tu dors, Robespierre, tandis que des criminels ivres de fureur et dâeffroi mĂ©ditent ta mort et les funĂ©railles de la libertĂ©. Couthon, Saint-Just, que tardez-vous Ă dĂ©noncer les complots ? Quoi ! lâancien Etat, le monstre royal assurait son empire en emprisonnant chaque annĂ©e quatre cent mille hommes, en en pendant quinze mille, en en rouant trois mille, et la RĂ©publique hĂ©siterait encore Ă sacrifier quelques centaines de tĂȘtes Ă la sĂ»retĂ© et Ă sa puissance ! Noyons-nous dans le sang et sauvons la patrie⊠» 10bis. Chapitre 25, page 325 puis 326/327 Evariste Gamelin parle⊠⹠page 325 â Je ne me reproche rien. Ce que jâai fait, je le ferais encore. Je me suis fait anathĂšme pour la patrie. Je suis maudit. Je me suis mis hors lâhumanitĂ© je nây rentrerai jamais. Non ! la grande tĂąche nâest pas finie. Ah ! la clĂ©mence, le pardon ! Les traĂźtres pardonnent-ils ? Les conspirateurs sont-ils clĂ©ments ? Les scĂ©lĂ©rats parricides croissent sans cesse en nombre; il en sort de dessous terre, il en accourt de toutes nos frontiĂšres de jeunes hommes, qui eussent mieux pĂ©ri dans nos armĂ©es, des vieillards, des enfants, des femmes, avec les masques de lâinnocence, de la puretĂ©, de la grĂące. Et quand on les a immolĂ©s, on en trouve davantage. Tu vois bien quâil faut que je renonce Ă lâamour, Ă toute joie, Ă toute douceur, Ă al vie elle-mĂȘme⊠» illustration Saturne dĂ©vorant lâun de ses fils, par Goya; pour Goya, qui a vĂ©cu les horreurs de lâinvasion napolĂ©onienne en 1808, ce Saturne incarnerait le Mal suprĂȘme qui gangrĂšne le monde et les hommes. Ce Mal qui est la nĂ©gation de la Raison sur laquelle toute sociĂ©tĂ© humaine devrait ĂȘtre bĂątie. Mais, prĂ©cisĂ©ment, avec la dĂ©mente RĂ©volution, les LumiĂšres ont fait naufrage dans la Terreur, et la Raison des auto-proclamĂ©s philosophes » Ă sombrĂ© dans la plus extravagante des dĂ©-raisons !⊠⹠pages 326/327 âŠUn enfant de huit ou neuf ans, qui jouait au cerceau, se jeta en ce moment dans jambes de Gamelin. Celui-ci lâĂ©leva brusquement dans ses bras -Enfant ! tu grandiras libre, heureux, et tu le devras Ă lâinfĂąme Gamelin. Je suis atroce pour que tu sois heureux. Je suis cruel pour que tu sois bon; je suis impitoyable pour que demain tous les Français sâembrassent en versant des larmes de joie. Il le pressa contre sa poitrine â Petit enfant, quand tu seras un homme, tu me devras ton bonheur, ton innocence; et, si jamais tu entends prononcer mon nom, tu lâexĂ©creras. Et il posa Ă terre lâenfant, qui sâalla jeter Ă©pouvantĂ© dans les jupes de sa mĂšre, accourue pour le dĂ©livrer⊠Gamelin tourna vers Elodie un regard farouche â Jâai embrassĂ© cet enfant; peut-ĂȘtre ferai-je guillotiner sa mĂšre⊠11. Chapitre 26, pages 328/329/330 bientĂŽt la fin, pour Robespierre⊠âŠEvariste errait, sombre et soucieux, par les jardins Marbeuf, devenus propriĂ©tĂ© nationale et frĂ©quentĂ©e des Parisiens oisifs⊠Evariste reconnut Robespierre. Il le retrouvait amaigri, le visage durci et traversĂ© de plis douloureux⊠Gamelin, par respect, ne sâapprocha pas du promeneur solitaire; mais contemplant la forme mince qui sâeffaçait dans la nuit, il lui adressa cette oraison mentale Jâai vu ta tristesse, Maximilien; jâai compris ta pensĂ©e. Ta mĂ©lancolie, ta fatigue et jusquâĂ cette expression dâeffroi empreinte dans tes regards, tout en toi dit Que la terreur sâachĂšve et que la fraternitĂ© commence ! Français, soyez unis, soyez vertueux, soyez bons. Aimez-vous les uns les autres. » Eh bien ! je servirai tes desseins; pour que tu puisses, dans ta sagesse et ta bontĂ©, mettre fin aux discordes civiles, Ă©teindre les haines fratricides, faire du bourreau un jardinier qui en tranchera plus que les tĂȘtes des choux et des laitues, je prĂ©parerai avec mes collĂšgues du Tribunal les voies de la clĂ©mence, en exterminant les conspirateurs et les traĂźtres. Nous redoublerons de vigilance et de sĂ©vĂ©ritĂ©. Aucun coupable ne nous Ă©chappera. Et quand la tĂȘte du dernier des ennemis de la RĂ©publique sera tombĂ©e sous le couteau, tu pourras ĂȘtre innocent sans crime et faire rĂ©gner lâinnocence et la vertu sur France, ĂŽ pĂšre de la patrie ! » 12. Chapitre 27, pages 332 Ă 334 la chute de Robespierre approche⊠Tu dors, Robespierre ! Lâheure passe, le temps prĂ©cieux coule. Enfin, le 8 Thermidor, Ă la Convention, lâIncorruptible se lĂšve et va parler. Soleil du 31 mai, te lĂšves-tu une seconde fois ? Gamelin attend, espĂšre. Robespierre va donc arracher des bancs des bancs quâils dĂ©shonorent ces lĂ©gislateurs plus coupables que les fĂ©dĂ©ralistes, plus dangereux que Danton ? Non, pas encore. Je ne puis â dit-il â me rĂ©soudre Ă dĂ©chirer entiĂšrement le voile qui recouvre ce profond mystĂšre dâiniquitĂ©. » Et al foudre Ă©parpillĂ©e, sans frapper aucun des conjurĂ©s, les effraie tous. On en comptait soixante qui, depuis quinze jours, nâosaient coucher dans leur lit. Marat nommait les traĂźtres, lui; il les montrait du doigt. LâIncorruptible hĂ©site, et dĂšs lors câest lui lâaccusĂ©. Le soir, aux Jacobins, on sâĂ©touffe dans la salle, dans les couloirs, dans la cour. Ils sont tous lĂ , les amis bruyants et les ennemis muets. Robespierre leur lit ce discours que la Convention a entendu dans un silence affreux et que les jacobins couvrent dâapplaudissements Ă©mus. â Câest mon testament de mort, dit lâhomme, vous me verrez boire la cigĂŒe avec calme. â Je la boirai avec toi, rĂ©pond David. â Tous, tous, sâĂ©crient les jacobins, qui se sĂ©parent sans rien dĂ©cider. Evariste, pendant que se prĂ©parait la mort du Juste, dormit du sommeil des disciples au Jardin des Oliviers. Le lendemain, il se rendit au Tribunal, oĂč deux sections siĂ©geaient. Celle dont il faisait partie jugeait vingt-et-un complices de la conspiration de Lazare. Et, pendant ce temps, arrivaient les nouvelles La Convention, aprĂšs une sĂ©ance de six heures, a dĂ©crĂ©tĂ© dâaccusation Maximilien Robespierre, Couthon, Saint-Just avec Augustin Robespierre et Lebas ci dessous, aprĂšs Robespierre, Saint Just, Couthon, Le Bas, Augustin Robespierre, qui ont demandĂ© Ă partager le sort des accusĂ©s. Les cinq proscrits sont descendus Ă la barre. » On apprend que le prĂ©sident de la section qui fonctionne dans la salle voisine, le citoyen Dumas, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© sur son siĂšge, mais que lâaudience continue. On entend battre la gĂ©nĂ©rale et sonner le tocsin. Evariste, Ă son banc, reçoit de la Commune lâordre de se rendre Ă lâHĂŽtel de Ville pour siĂ©ger au conseil gĂ©nĂ©ral. Au son des cloches et des tambours, il rend son verdict avec ses collĂšgues et court chez lui embrasser sa mĂšre et prendre son Ă©charpe. La place de Thionville est dĂ©serte. La section nâose se prononcer ni pour ni contre la Convention. On rase les murs, on se coule dans les allĂ©es, on rentre chez soi. A lâappel du tocsin et de la gĂ©nĂ©rale, rĂ©pondent les bruits des volets qui se rabattent et des serrures qui se ferment⊠12bis. Chapitre 27, pages 337 Ă 341 la RĂ©volution se dĂ©chire, la Convention contre la Commune, Robespierre et les siens dĂ©crĂ©tĂ©s dâaccusation, et la peur change de camp⊠âŠEn approchant de lâHĂŽtel de Ville il entendit Gamelin, ndlr il entendit monter vers le ciel lourd la rumeur des grands jours. Sur la place de GrĂšve, un tumulte dâarmes, un flamboiement dâĂ©charpes et dâuniformes, le canons dâHanriot en batterie. Il gravit lâescalier dâhonneur et, en entrant dans la salle, signe la feuille de prĂ©sence. Le conseil gĂ©nĂ©ral de la Commune, Ă lâunanimitĂ© des 491 membres prĂ©sents, se dĂ©clare pour les proscrits. Le maire se fait apporter la table des Droits de lâhomme, lit lâarticle oĂč il est dit Quand le gouvernement viole les droits du peuple, lâinsurrection est pour le peuple le plus saint et le plus indispensable des devoirs », et le premier magistrat de Paris dĂ©clare quâau coup dâĂ©tat de la Convention la Commune oppose lâinsurrection populaire. Les membres du conseil gĂ©nĂ©ral font serment de mourir Ă leur poste. Deux officiers municipaux sont chargĂ©s de se rendre sur la place de GrĂšve et dâinviter le peuple Ă se joindre Ă ses magistrats afin de sauver la patrie et la libertĂ©. On se cherche, on Ă©change des nouvelles, on donne des avis. Parmi ces magistrats, peu d artisans. La Commune rĂ©unie lĂ est telle que lâa faite lâĂ©puration jacobine des juges et des jurĂ©s du Tribunal rĂ©volutionnaire, des artistes comme Beauvallet et Gamelin, des rentiers et des professeurs, des bourgeois cossus, de gros commerçants, des tĂȘtes poudrĂ©es, des ventres Ă breloques; peu de sabots, de pantalons, de carmagnoles, de bonnets rouges. Ces bourgeois sont nombreux, rĂ©solus. Mais, quand on y songe, câest Ă peu prĂšs tout ce que Paris compte de vrais rĂ©publicains. Debout dans la maison de ville, comme sur le rocher de la libertĂ©, un ocĂ©an dâindiffĂ©rence les environne. Pourtant des nouvelles favorables arrivent. Toutes les prisons oĂč les proscrits ont Ă©tĂ© enfermĂ©s ouvrent leurs portes et rendent leur proie. Augustin Robespierre, venu de la Force, entre le premier Ă lâHĂŽtel de Ville et est acclamĂ©. On apprend Ă huit heures que Maximilien, aprĂšs avoir longtemps rĂ©sistĂ©, se rend Ă la Commune. On lâattend, il va venir, il vient une acclamation formidable Ă©branle les voĂ»tes du vieux palais municipal. Il entre, portĂ© par vingt bras. Cet homme mince, propret, en habit bleu et culotte jaune, câest lui. Il siĂšge, il parle. illustration dâaprĂšs un reportage de TF1, une Ă©quipe de chercheurs â visualforensic â spĂ©cialisĂ©e dans les techniques de reconstructions faciales, a restituĂ© » le vrai visage de Robespierre ci contre; une reconstitution que lâextrĂȘme-gauche refuse⊠A son arrivĂ©e, le conseil ordonne que la façade de la maison Commune sera sur-le-champ illuminĂ©e. En lui la RĂ©publique rĂ©side. Il parle, il parle dâune voix grĂȘle, avec Ă©lĂ©gance. Il parle purement, abondamment. Ceux qui sont lĂ , qui ont jouĂ© leur vie sur sa tĂȘte, sâaperçoivent, Ă©pouvantĂ©s, que câest un homme de parole, un homme de comitĂ©s, de tribune, incapable dâune rĂ©solution prompte et dâun acte rĂ©volutionnaire. On lâentraĂźne dans la salle des dĂ©libĂ©rations. Maintenant ils sont tous lĂ , ces illustres proscrits Lebas, Saint-Just, Couthon. Robespierre parle. Il est minuit et demie il parle encore . Cependant Gamelin, dans la salle du conseil, le front collĂ© Ă une fenĂȘtre, regarde dâun oeil anxieux; il voit fumer les lampions dans la nuit sombre. Les canons dâHanriot sont en batterie devant lâHĂŽtel de Ville. Sur al place toute noire sâagite une foule incertaine, inquiĂšte. A minuit et demie, des torches dĂ©bouchent au coin de la rue de la Vannerie, entourant un dĂ©lĂ©guĂ© de la Convention qui, revĂȘtu de ses insignes, dĂ©ploie un papier et lit, dans une rouge lueur, le dĂ©cret de la Convention, la mise hors la loi des membres de la Commune insurgĂ©e, des membres du conseil gĂ©nĂ©ral qui lâassistent et des citoyens qui rĂ©pondraient Ă son appel. La mise hors la loi, la mort sans jugement ! la seule idĂ©e en fait pĂąlir les plus dĂ©terminĂ©s. Gamelin sent son front se glacer. Il regarde la foule quitter Ă grands pas la place de GrĂšve. Et, quand il tourne la tĂȘte, ses yeux voient que la salle, oĂč les conseillers sâĂ©touffaient tout Ă lâheure, est presque vide. Mais ils ont fui en vain ils avaient signĂ©. Il est deux heures. LâIncorruptible dĂ©libĂšre dans la salle voisine avec la Commune et les reprĂ©sentants proscrits. Gamelin plonge ses regards dĂ©sespĂ©rĂ©s sur la place noire. Il voit, Ă la clartĂ© des lanternes, les chandelles de bois sâentrechoquer sur lâauvent de lâĂ©picier, avec un bruit de quilles; les rĂ©verbĂšres se balancent et vacillent un grand vent sâest Ă©levĂ©. Un instant aprĂšs, une pluie dâorage tombe la place se vide entiĂšrement; ceux que nâavaient pas chassĂ©s le terrible dĂ©cret, quelques gouttes dâeau les dispersent. Les canons dâHanriot sont abandonnĂ©s. Et quand on voit Ă la lueur des Ă©clairs dĂ©boucher en mĂȘme temps par la rue Antoine et par le quai les troupes de la Convention, les abords de la maison commune sont dĂ©serts. Enfin Maximilien sâest dĂ©cidĂ© Ă faire appel du dĂ©cret de la Convention Ă la section des Piques. Le conseil gĂ©nĂ©ral se fait apporter des sabres, des pistolets, des fusils. Mais un fracas dâarmes, de pas et de vitres brisĂ©es emplit la maison. Les troupes de la Convention passent comme une avalanche Ă travers la salle des dĂ©libĂ©rations et sâengouffrent dans la salle du conseil. Un coup de feu retentit Gamelin voit Robespierre tomber la mĂąchoire fracassĂ©e⊠Il est sans mouvement, mais il souffre dâun froid cruel et, dans le tumulte dâune lutte effroyable, il entend distinctement la voix du jeune dragon Henry qui sâĂ©crie â Le tyran nâest plus; ses satellites sont brisĂ©s. La RĂ©volution va reprendre son cours majestueux et terrible. Gamelin sâĂ©vanouit. A sept heures du matin, un chirurgien envoyĂ© par la Convention le pansa. La Convention Ă©tait pleine de sollicitude pour les complices de Robespierre elle ne voulait pas quâaucun dâeux Ă©chappĂąt Ă la guillotine. Lâartiste-peintre, ex-jurĂ©, ex-membre du conseil gĂ©nĂ©ral de la Commune, fut portĂ© sur une civiĂšre Ă la Conciergerie. » 13. Chapitre 28, pages 342/343/344 Le 10, tandis que sur le grabat dâun cachot, Evariste, aprĂšs un sommeil de fiĂšvre, se rĂ©veillait en sursaut dans une indicible horreur, Paris, en sa grĂące et son immensitĂ©, souriait au soleil; lâespĂ©rance renaissait au coeur des prisonniers les marchands ouvraient allĂšgrement leur boutique, les bourgeois se sentaient plus riches, les jeunes hommes plus heureux, les femmes plus belles, par la chute de Robespierrre. Seuls une poignĂ©e de jacobins, quelques prĂȘtres constitutionnels et quelques vieilles femmes tremblaient de voir lâempire passer aux mĂ©chants et aux corrompus. Une dĂ©lĂ©gation du Tribunal rĂ©volutionnaire, composĂ©e de lâaccusateur public et de deux juges, se rendait Ă la Convention, pour al fĂ©liciter dâavoir arrĂȘtĂ© les complots. LâassemblĂ©e dĂ©cidait que lâĂ©chafaud serait de nouveau dressĂ© sur la place de la RĂ©volution. On voulait que les riches, les Ă©lĂ©gants, les jolies femmes pussent voir sans se dĂ©ranger le supplice de Robespierre, qui aurait lieu le jour mĂȘme. Le dictateur et ses complices Ă©taient hors la loi il suffisait que leur identitĂ© fĂ»t constatĂ©e par deux officiers municipaux pour que le Tribunal les livrĂąt immĂ©diatement Ă lâexĂ©cuteur. Mais une difficultĂ© surgissait les constatations en pouvaient ĂȘtre faites dans les formes, la Commune Ă©tant tout entiĂšre hors la loi. LâassemblĂ©e autorisa le Tribunal Ă faire constater lâidentitĂ© par des tĂ©moins ordinaires. Les triumvirs furent traĂźnĂ©s Ă la mort, avec leurs principaux complices, au milieu des cris, de joie et de fureur, des imprĂ©cations, des rires, des danses ci contre. Le lendemain, Evariste, qui avait repris quelques forces et pouvait presque se tenir sur ses jambes, fut tirĂ© de son cachot, amenĂ© au Tribunal et placĂ© sur lâestrade, quâil avait tant de fois vue chargĂ©e dâaccusĂ©s, oĂč sâĂ©taient assises tour Ă tour tant de victimes illustres ou obscures. Elle gĂ©missait maintenant sous le poids de soixante-dix individus, la plupart membres de la Commune, et quelques uns jurĂ©s comme Gamelin, mis comme lui hors la loi. Il revit son banc, le dossier sur lequel il avait coutume de sâappuyer, la place dâoĂč il avait terrorisĂ© des malheureux⊠Il revit, dominant lâestrade oĂč les juges siĂ©geaient sur trois fauteuils dâacajou, garnis de velours dâUtrecht rouge, les bustes de Chalier et de Marat, et ce buste de Brutus quâil avait un jour attestĂ©. Rien nâĂ©tait changĂ©, ni les haches, les faisceaux, les bonnets rouges du papier de tenture, ni les outrages jetĂ©s par les tricoteuses des tribunes Ă ceux qui allaient mourir, ni lâĂąme de Fouquier-Tinville, tĂȘtu, laborieux, remuant avec zĂšle ses papiers homicides, et envoyant, magistrat accompli, ses amis de la veille Ă lâĂ©chafaud⊠13bis. Chapitre 28, pages 345/346 âŠGamelin fit un effort pour monter dans la charrette il avait perdu beaucoup de sang et sa blessure le faisait cruellement souffrir. Le cocher fouetta sa haridelle et le cortĂšge se mit en marche au milieu des huĂ©es. Des femmes qui reconnaissaient Gamelin lui criaient â Va donc, buveur de sang ! Assassin Ă dix-huit francs par jour ! Il ne rit plus voyez comme il est pĂąle, le lĂąche ! CâĂ©taient les mĂȘmes femmes qui insultaient naguĂšre les conspirateurs et les aristocrates, les exagĂ©rĂ©s et les indulgents envoyĂ©s par Gamelin et ses collĂšgues Ă la guillotine. La charrette tourna sur le quai des Morfondus, gagna lentement le Pont neuf et la rue de la Monnaie on allait Ă la place de la RĂ©volution, Ă lâĂ©chafaud de Robespierre. Le cheval boitait; Ă tout moment, le cocher lui effleurait du fouet les oreilles. La foule des spectateurs, joyeuse, animĂ©e, retardait la marche de lâescorte. Le public fĂ©licitait les gendarmes, qui retenaient leurs chevaux. Au coin de la rue HonorĂ©, les insultes redoublĂšrent. Des jeunes gens, attablĂ©s Ă lâentresol, dans les salons des traiteurs Ă la mode, se mirent aux fenĂȘtres, leurs serviettes Ă al main, et criĂšrent â Cannibales, anthropophages, vampires ! La charrette ayant butĂ© dans un tas dâordures quâon nâavait pas enlevĂ©es en ces deux jours de troubles, la jeunesse dorĂ©e Ă©clata de joie â Le char embourbĂ© ! Dans la gadoue, les jacobins ! Gamelin songeait, et il crut comprendre. Je meurs justement, pensa-t-il. Il est juste que nous recevions ces outrages jetĂ©s Ă la RĂ©publique et dont nous aurions dĂ» la dĂ©fendre. Nous avons Ă©tĂ© faibles; nous nous sommes rendus coupables dâindulgence. Nous avons trahi la RĂ©publique. Nous avons mĂ©ritĂ© notre sort. Robespierre lui-mĂȘme, le pur, le saint, a pĂ©chĂ© par douceur, par mansuĂ©tude; ses fautes sont effacĂ©es par son martyre. A son exemple, jâai trahi la RĂ©publique; elle pĂ©rit il est juste que je meure avec elle. Jâai Ă©pargnĂ© le sang que mon sang coule ! Que je pĂ©risse ! je lâai mĂ©ritĂ©. » 14. Chapitre 29, pages 355/356/357 âŠLâaffiche annonçait PhĂšdre et Le chien du jardinier. Toute la salle rĂ©clama lâhymne cher aux muscadins et Ă la jeunesse dorĂ©e, Le RĂ©veil du peuple. Le rideau se leva et un petit homme, gros et court, parut sur la scĂšne câĂ©tait le cĂ©lĂšbre Lays il chanta de sa belle voix de tĂ©nor Peuple français, peuple de frĂšres !⊠Des applaudissements si formidables Ă©clatĂšrent que les cristaux du lustre en tintaient. Puis on entendit quelques murmures, et la voix dâun citoyen en chapeau rond rĂ©pondit, du parterre, par lâhymne des Marseillais Allons enfants de la patrie !⊠Cette voix fut Ă©touffĂ©e sous les huĂ©es; des cris retentirent â A bas les terroristes ! Mort aux jacobins ! Et Lays, rappelĂ©, chanta une seconde fois lâhymne des thermidoriens Peuple français, peuple de frĂšres !⊠Dans toutes les salles de spectacle on voyait le buste de Marat Ă©levĂ© sur une colonne ou portĂ© sur un socle; au théùtre Feydeau, ce buste se dressait sur un piĂ©douche, du cĂŽtĂ© jardin », contre le cadre de maçonnerie qui fermait la scĂšne. Tandis que lâorchestre jouait lâouverture de PhĂšdre et Hippolyte, un jeune muscadin, dĂ©signant le buste du bout de son gourdin, sâĂ©cria â A bas Marat ! Toute la salle rĂ©pĂ©ta â A bas Marat ! A bas Marat ! Et des vois Ă©loquentes dominĂšrent le tumulte â Câest une honte que ce buste soit encore debout ! â LâinfĂąme Marat rĂšgne partout, pour notre dĂ©shonneur ! Le nombre de ses bustes Ă©gale celui des tĂȘtes quâil voulait couper. â Crapaud venimeux ! â Tigre ! â Noir serpent ! Soudain un spectateur Ă©lĂ©gant monte sur le rebord de sa loge, pousse le buste, le renverse. Et la tĂȘte de plĂątre tombe en Ă©clats sur les musiciens, aux applaudissements de la salle, qui, soulevĂ©e, entonne debout Le RĂ©veil du Peuple Peuple français, peuple de frĂšres !⊠La seule chose qui rende supportable les rĂ©cits de la RĂ©volution, câest quâon peut dire Ă la plupart des imbĂ©ciles et des scĂ©lĂ©rats qui ont coopĂ©rĂ© aux actes rĂ©volutionnaires Toi non plus tu nâen as pas pour longtemps »⊠Jacques Bainville
Rouedatant d'environ 2600 av. J.-C. Les plus vieilles roues du monde ne proviennent ni d'Egypte, ni du Proche-Orient: elles ont été trouvées sur des sites lacustres du Néolithique! L'une des
Câest le onziĂšme des Parcs Nationaux de France et il est unique en son genre. Trois mots-clĂ©s identifient cette unicitĂ© forĂȘt, feuillus et plaine. Le Parc National de ForĂȘts abrite en son sein un patrimoine paysager et culturel, Ă cheval entre Haute-Marne et CĂŽte-dâOr, quâil a Ă©tĂ© jugĂ© nĂ©cessaire de prĂ©server. La forĂȘt y occupe forcĂ©ment une place de choix et câest dâabord Ă sa dĂ©couverte que je suis parti dans ce triptyque de reportages consacrĂ© au seul Pays ChĂątillonnais. Jây ai Ă©tĂ© invitĂ© Ă dĂ©couvrir une petite boucle, dont le pĂ©rimĂštre immĂ©diat est inscrit au titre de la protection des milieux naturels, tant pour ses habitats que pour les espĂšces qui vivent dans ses bois. Point de dĂ©part et dâarrivĂ©e le Val des Choues et son abbaye. Un lieu grandiose, reconverti aujourdâhui en MusĂ©e de la VĂ©nerie. Une belle occasion pour mettre au placard ses a-priori en y rencontrant le maĂźtre des lieux le passionnant Michel Monot. Une vraie expĂ©rience Ă vivre. Jugez plutĂŽt. DifficultĂ© facile Distance 8 km DĂ©nivelĂ© 135 m DurĂ©e 2h Carte IGN TOP 25 1/25000Ăš Recey-sur-Ource/Leuglay Dix minutes dĂ©jĂ que la voiture a Ă©tĂ© avalĂ©e par la forĂȘt. La traversĂ©e du discret petit village de Vanvey, posĂ© dans la vallĂ©e de lâOurce, me semble relĂ©guĂ©e Ă une Ă©ternitĂ©. Des kilomĂštres de futaie, arc-boutĂ©s au-dessus dâune route Ă©troite, sont en train de me conduire au bout du monde. DerriĂšre la vitre de la voiture de lâOffice de Tourisme du ChĂątillonnais, le soleil de la CĂŽte-dâOr crĂ©e des jeux de lumiĂšres chatoyants entre les feuillages denses de lâimmense forĂȘt de ChĂątillon. Câest mon premier contact avec le Parc National de ForĂȘts et, dâentrĂ©e de jeu, le rapport de force entre ma taille dĂ©risoire et les 9000 hectares dâune des plus grandes forĂȘts de Bourgogne me saisit Je me noie littĂ©ralement en tentant dâapprĂ©hender les 242000 hectares de ce Parc National de ForĂȘts, le second par la taille aprĂšs celui de Guyane. Vertigineux. Je suis vraiment enthousiaste dâaller Ă sa dĂ©couverte. Câest un reportage photo, aperçu dans un numĂ©ro de Terre Sauvage, qui mâa fait mâemparer de mon tĂ©lĂ©phone pour proposer, Ă mon tour, un reportage sur le petit dernier de la famille des grands parcs nationaux. La magie des photos sur papier glacĂ© aura eu sur moi valeur dâĂ©lectrochoc. Il fallait que je vois ça par moi-mĂȘme. Un puits de lumiĂšre inonde subitement lâhabitacle, dissipant le vertige des proportions inĂ©gales et des souvenirs de ce qui mâa conduit jusquâici. La forĂȘt a reculĂ©, laissant apparaĂźtre un bel espace de prairies et dâĂ©tangs, clos au loin par les hauts murs de ce qui pourrait ĂȘtre une colossale ferme. LâarrivĂ©e au Val des Choues, aprĂšs un voyage hypnotisant dans cet hyperespace forestier, sera nĂ©cessairement un Ă©vĂ©nement marquant. Par quelle volontĂ© des hommes ont-ils Ă©rigĂ© pareille monumentale bĂątisse dans les entrailles de la forĂȘt ? Celle de Dieu, forcĂ©ment ! Quelle meilleure destination que le cĆur dâune forĂȘt pour un ermite du 12Ăšme siĂšcle qui chercha, dans le silence, Ă Ă©tablir une connexion apaisĂ©e avec le divin ? Lâhistoire a probablement dĂ» dĂ©marrer de cette maniĂšre et le site, dont la fondation est officiellement approuvĂ©e par la papautĂ© en 1203, peut entamer son dĂ©veloppement selon une rĂšgle originale, baptisĂ©e Ordo Valliscaulium, mĂȘlant Ă la fois les usages en vigueur chez les bĂ©nĂ©dictins, les cisterciens et les chartreux. Ce sont les seconds qui en hĂ©riteront Ă la fin du 18Ăšme siĂšcle avant que la RĂ©volution mette rapidement un terme Ă son activitĂ©. Fin de lâhistoire ? Pas exactement. Car un tout autre destin attendait dĂ©sormais les murs oubliĂ©s du lieu. Lâendroit est maintenant la propriĂ©tĂ© de la famille Monot. », mâexplique MĂ©ryl, chargĂ©e de dĂ©veloppement Ă la CommunautĂ© de Communes du Pays ChĂątillonnais et qui mâaccompagne pour ce premier jour ici. Ils y dirigent un Ă©quipage de 150 chiens pour la chasse Ă courre et y ont ouvert un musĂ©e consacrĂ©e Ă la vĂ©nerie. » Je tressaille dans la seconde, brutalement tirĂ© dâun songe et rappelĂ© Ă la rĂ©alitĂ©. Jâai bien entendu le mot chasse Ă courre ? La chasse et moi, ça fait deux. Alors la chasse Ă courre vous imaginez ? Câest, Ă mes yeux, le cran supĂ©rieur, ma limite ultime de tolĂ©rance. Une pratique que jâassocie Ă toutes ces images barbares Ă©parpillĂ©es sur la toile. Je prends un peu peur. Ă ma grande surprise, je dĂ©couvre que le Val des Choues est aujourdâhui la pierre angulaire de la pratique de la chasse Ă courre. Une sacrĂ©e reconversion ! Mais tu auras le temps de bien la voir et de la visiter car, de toute façon, câest lĂ que tu dors ce soir. , ajoute MĂ©ryl. Douche froide, crise de panique contenue. Je fouille dans ma collection de masques et choisis celui de lâimpassibilitĂ©. Pour de vrai ? Ăa alors ! » Et puis je me dis que la vie, qui a le sens de lâhumour, mâoffre finalement une expĂ©rience. AprĂšs tout quâest-ce que je connais Ă la chasse Ă courre ? Rien, sinon un avis prĂ©conçu. Je dĂ©cide de replacer ma curiositĂ© naturelle en premiĂšre ligne et de faire table rase de mes craintes et de mes a-priori. Ce soir, aprĂšs la rando, armĂ© de toute mon objectivitĂ©, je me ferai un authentique avis sur la question. Pour lâheure, câest rando-time ! On a rendez-vous, devant lâentrĂ©e de lâAbbaye, avec Sylvain Boulangeot, animateur Ă la Maison de la ForĂȘt de Leuglay, et RĂ©gis Gatteaut, le directeur de lâOffice de Tourisme du ChĂątillonnais. Câest bien que Sylvain soit lĂ . Depuis mon incroyable expĂ©rience Ă Brotonne, en Seine-Maritime, avec Emmanuel, je ne pars plus en reportage en forĂȘt sans confier mes cinq sens Ă un spĂ©cialiste de ce milieu dont les clĂ©s de lecture et dâinterprĂ©tation nĂ©cessitent une solide expĂ©rience naturaliste. Je le dis et le rĂ©pĂšte on ne peut dĂ©cemment pas sâimmerger en forĂȘt sans un accompagnement pour apprendre Ă poser notre attention sur des dĂ©tails qui, autrement, passeraient inaperçus La richesse de la forĂȘt, son univers grouillant de vie et dâhistoires Ă raconter, ne se rĂ©vĂ©leront quâĂ celui, ou celle, dont le regard, lâouĂŻe et mĂȘme parfois lâodorat, seront suffisamment affĂ»tĂ©s pour en dĂ©celer lâinvisible prĂ©sence. Et, dans ce rĂŽle, Sylvain est assurĂ©ment la bonne personne. Un autre enfant de la forĂȘt, habillĂ© dans un corps dâadulte au visage souriant et Ă lâĆil qui pĂ©tille. Le garçon a de la gouaille, de lâĂ©nergie et de la bonne humeur Ă revendre. Pas de doute, on va passer un bon moment ! Un grand panneau dâinformations, placĂ© au dĂ©part de lâitinĂ©raire, invite Ă un peu de lecture pour contextualiser la randonnĂ©e. Câest une boucle facile de huit kilomĂštres, donnĂ©e en deux heures de temps. Rien dâinsurmontable au demeurant. En marchant rapidement, il doit mĂȘme ĂȘtre gĂ©rable de la faire en moins que ça. Mais, si vous commencer Ă tenir ce genre de raisonnement, je vous le dis tout de suite, vous faites fausse route ! LâĂąme de la forĂȘt ne sâoffre quâĂ celles/ceux qui acceptent de laisser filer le temps. Cette courte durĂ©e sur le papier lĂšve, prĂ©cisĂ©ment, toute pression de la montre sur le/la marcheur/se. Si on peut se laisser aller Ă marcher au rythme lent du pouls de la forĂȘt, Ă ralentir pour en guetter les signes de vie, câest justement parce quâon a TOUT le temps pour boucler ce court parcours. Une invitation Ă la portĂ©e de chacune de faire plus amplement connaissance avec les Ă©lĂ©ments constitutifs de ce Parc National de ForĂȘts dont on ne peut quâavoir envie de dĂ©finir lâidentitĂ©. Une petite rampe en sous-bois met derriĂšre nous, dĂšs le dĂ©part, lâessentiel du dĂ©nivelĂ© de la sortie. En Ă peine cent mĂštres dâĂ©lĂ©vation, nous avons rejoint la TranchĂ©e du Val des Choues, une droite parfaite tirĂ©e Ă travers lâĂ©norme masse boisĂ©e, dans lâaxe de lâabbaye Ă©ponyme. Sur la carte, lâhomme semble avoir tirĂ© des traits Ă la rĂšgle sur toute la surface boisĂ©e qui sâĂ©tend entre la vallĂ©e du BrĂ©von, au sud, celle de lâOurce, au nord et, Ă©videmment, celle de la Seine, qui ondule Ă lâouest. Un simple reliquat, pourtant, dâune encore plus ancienne et bien plus importante couverture forestiĂšre qui couvrait les plateaux du sud-est du Bassin Parisien. Les forĂȘts dâArc-en-Barrois et dâAuberive, en sont dâautres tĂ©moins qui, elles aussi, ont Ă©tĂ© placĂ©es sous la coupole protectrice du Parc National de ForĂȘts, créé finalement en 2019 aprĂšs avoir Ă©tĂ© annoncĂ© aprĂšs le Grenelle de lâEnvironnement dix ans plus tĂŽt. 117 communes, prĂšs de 25000 habitants, 200 membres constituant un Groupement dâIntĂ©rĂȘt Public, 10 ans de concertations et dâĂ©tudes le Parc National de ForĂȘts est le fruit dâun patient labeur Un long processus de dix ans aura Ă©tĂ© nĂ©cessaire, qui aura rassemblĂ© prĂšs de 300 personnes Ă diffĂ©rents niveaux, pour passer de lâidĂ©e Ă lâacte. Câest le premier ainsi créé en forĂȘt feuillue de plaine. Un petit exploit en soi qui a, comme chaque fois, ses partisans et ses dĂ©tracteurs. Ici on a des forĂȘts qui ont mille ans dâĂąge. , mâexplique Sylvain. La prĂ©sence dâespĂšces souches trĂšs ancienne tĂ©moigne du caractĂšre exceptionnel de ce qui est un patrimoine Ă©copaysager Ă prĂ©server. Le but du jeu ce nâest cependant plus seulement de protĂ©ger mais aussi de faire dĂ©couvrir. » La question de la chasse me trotte Ă nouveau en tĂȘte et gĂȘne ma comprĂ©hension du discours. Jâinterpelle Sylvain sur ce sujet. Sylvain, on parle de protection, de Parc National de ForĂȘts mais on parle aussi de chasse ici. Comment la pratique de celle-ci est-elle compatible avec le statut mĂȘme de Parc ? Comment, tout simplement peut-elle mĂȘme y ĂȘtre autorisĂ©e ? » Ma confusion est palpable et je reçois une rĂ©ponse collective Ă mes interrogations. RĂ©gis et MĂ©ryl sont, eux aussi, des enfants du pays et interviennent. La chasse, ici, câest un Ă©lĂ©ment culturel et historique. Elle ne sâoppose donc pas au credo du Parc elle en fait partie intĂ©grante. » Vu de lâextĂ©rieur, chasse et parc national paraissent antinomiques. Leur mariage bourguignon trouve pourtant un sens qui mâaurait Ă©chappĂ© si on ne me lâavait expliquĂ©. La cohabitation avec les chasseurs, chez nous, se fait avec courtoisie. On a lâhabitude de les voir. On nâest pas dans le conflit, mĂȘme si on ne partage pas toujours leurs points de vue. Il y a de la tolĂ©rance quand un dialogue sâengage. » Ce discours apaisĂ© me surprend mais mâaide pleinement Ă comprendre comment ces deux notions, Ă mon sens contradictoires, que sont la protection de la nature et la chasse rĂ©ussissent Ă cohabiter de maniĂšre pacifiĂ©e ici, dans le Pays ChĂątillonnais. Un petit miracle en soi. Sylvain provoque une pause identification. HĂȘtres, chĂȘnes, Ă©rables, charmes⊠Les essences les plus visuelles sâimposent autour de nous. Notre guide dĂ©busque chaque trouĂ©e, chaque poussĂ©e, chaque chute ou chaque coupe et lâinscrit dans la logique du cycle de vie du vĂ©gĂ©tal et dans sa lente et minutieuse stratĂ©gie pour rĂ©gner sur son espace et capter la lumiĂšre. Dâun geste prĂ©cis, il coince une feuille de hĂȘtre entre le pouce et lâindex, rĂ©vĂ©lant, Ă la base de la feuille, une boursouflure Ă©carlate. La gale du hĂȘtre , explique-t-il. Du parasitisme. Dedans se trouve bien Ă lâabri un petit diptĂšre qui va se dĂ©velopper tout le long de la croissance de la feuille. » La capacitĂ© dâanalyse de Sylvain, son savoir et sa capacitĂ© Ă transmettre mâimpressionnent. Comme les animaux et les arbres quâils racontent, on sent que lui aussi a pris depuis longtemps racine dans cette forĂȘt. Plus loin encore, Sylvain dĂ©signe quelque chose sur le sol. Ăa câest une litiĂšre de chevreuil. » Au dĂ©but je ne vois que des feuilles parmi dâautres feuilles. Mais, en observant bien, je distingue une forme un peu concentrique, un agencement plus net des Ă©lĂ©ments, comme si un poids sâĂ©tait posĂ© Ă cet endroit. Je peux alors imaginer le chevreuil, endormi. Fascinant ! Jâaurais pu passer un millier de fois devant sans le voir. Comme le frottis des jeunes mĂąles sur lâĂ©corce des arbres. Comme le bruit du pic forant son nid. Comme les jolis baies de la viorne lantane, une plante quâon utilisait jadis dans la vannerie. Comme⊠Comme quasiment tout en rĂ©alitĂ©. Je rĂ©alise Ă quel point je marche en aveugle en forĂȘt. Je prends conscience de ce cache-cache permanent auquel sâadonnent les espĂšces animales pour dissimuler leur prĂ©sence. Tout comme, dĂ©sormais, je regarde une feuille qui sâagite, un mouvement furtif dans les branches, lâaspect rugueux dâun tronc dâun autre Ćil. Il nây a pas quelque chose ici qui nâait une histoire Ă raconter au passant. Jâen viens presque Ă regretter dâĂȘtre en mouvement et lâessence de lâaffĂ»t acquiert soudain sa rĂ©elle dimension Ă mes yeux. La forĂȘt est une Ă©cole de la patience, de lâimmobilitĂ© et du silence. Rien dâĂ©tonnant Ă ce que des religieux aient choisi cette forĂȘt comme dĂ©cor pour leurs priĂšres et leurs mĂ©ditations. Le fossĂ© est dĂ©cidĂ©ment mince entre le moine et le randonneur. On dĂ©ambule dans les travĂ©es, allĂ©es et tranchĂ©es de ce Parc National de ForĂȘts comme des cisterciens dans leur cloĂźtre. Dans le gazouillis des mĂ©sanges, on atteint ainsi la Haute Enclave, secteur le plus mĂ©ridional du parcours. Ă ce stade, on est trĂšs proche du village dâEssarois, posĂ© au bord de la Digeanne, affluent de de lâOurce qui flanque le cĂŽte oriental de la forĂȘt. Ă lâabri dâun gros chĂȘne, on dĂ©balle les pique-nique en continuant de sâimprĂ©gner de tous les signaux envoyĂ©s par la forĂȘt. Sous lâĂ©clatant soleil de juillet, la forĂȘt de ChĂątillon est lumineuse et bienveillante. Par un inattendu effet de contraste, les lĂ©gendes effrayantes et les contes obscurs ayant pour dĂ©cor la forĂȘt, en gĂ©nĂ©ral, me reviennent Ă lâesprit. Il est donc essentiel dâapprendre, dĂšs le plus jeune Ăąge, Ă la comprendre, Ă lâaimer et Ă la respecter. Câest le mĂ©tier de Sylvain et sa fonction au sein de la Maison de la ForĂȘt, pionniĂšre, bien avant le lancement du Parc, sur la mission de sensibilisation et dâĂ©ducation Ă lâenvironnement en ForĂȘt de ChĂątillon. Au rang des peurs primaires, la forĂȘt, en particulier la nuit, occupe une place de choix dans lâinconscient collectif humain Le dĂ©clic remonte Ă lâenfance. , se souvient-il. Avec un papa bĂ»cheron dans les Vosges, ma fratrie a hĂ©ritĂ© des valeurs du travail et du respect de la nature. Une porte ouverte Ă la curiositĂ© et Ă lâenvie dâen savoir plus. Pour moi ça a Ă©tĂ© un BTS Gestion et Protection de la Nature, le passeport qui mâa conduit aujourdâhui Ă transmettre et animer. » Et essentiellement auprĂšs des plus jeunes, quâil compare Ă des livres encore vierges oĂč Ă©crire de belles pages dâavenir sur le sujet du respect de lâenvironnement et du vivant. Au-delĂ du croisement avec la route forestiĂšre du Val des Choues, le retour vers lâabbaye sâamorce. Notre joyeux quatuor, peu avare en bons mots et en plaisanteries, ne favorise pas spĂ©cialement lâobservation de la faune ! Je repartirai donc sans image de cerf, de sanglier ou de chevreuil, les ongulĂ©s remarquables du Parc National de ForĂȘts. Pas vue non plus la petite Chouette de Tengmalm dont je suis surpris dâapprendre la prĂ©sence ici, elle qui, traditionnellement, prĂ©fĂšre la montagne. Invisibles tout autant les 5 Ă 6 couples de cigognes noires, espĂšce quâon pensait disparue mais qui a finalement rĂ©apparue localement, par ici, dans les annĂ©es 1990. Ici se trouve lâune des rares stations de plaine de la Chouette de Tengmalm en France ! Ă peine croyable ! Il faudra revenir, avec Sylvain bien sĂ»r, pour sâoffrir un nouveau bain de forĂȘt, diurne et nocturne. Plonger plus loin encore que ce parcours de ronde dont la vocation est dâoffrir un premier aperçu du territoire aux visiteurs. Ă bientĂŽt 17h, mes compagnons de marche me saluent, me laissant seul devant lâimposante entrĂ©e du Val des Choues, une porte cochĂšre gigantesque que mon poing fermĂ© est inefficace Ă cogner pour annoncer ma prĂ©sence. Jâopte pour la cloche situĂ©e dans le mur Ă droite. Une jeune fille â jâapprends en discutant quâil sâagit dâune Ă©tudiante isĂ©roise en fin de stage â mâouvre et mâinvite Ă la suivre jusquâĂ ma chambre. Un prĂ©au ouvre sur une cour immense dont le centre est occupĂ© par un bassin et un Ăźlot de verdure. Je suis bluffĂ© par la taille de lâendroit. Ma guide me conduit Ă lâautre extrĂ©mitĂ©, peu avant les jardins, lĂ oĂč les chambres dâhĂŽte ont Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©es pour les invitĂ©es. Dâun geste, elle me fait entrer dans une piĂšce bleutĂ©e et coquette, Ă lâatmosphĂšre un peu ancienne et Ă la dĂ©coration 100% chasse. Vous ĂȘtes attendu pour le dĂźner avec monsieur et madame Monot Ă partir de 19h. Bon sĂ©jour. » Sâil y a bien une chose que je nâaurais pas imaginĂ© en dĂ©marrant ce blog, câest dâĂȘtre invitĂ© Ă manger Ă la table dâun spĂ©cialiste de la vĂ©nerie ! Me voici donc au Val des Choues, petit paradis nichĂ© dans le Parc National de ForĂȘts, partagĂ© entre amusement et un soupçon dâanxiĂ©tĂ©, Ă me demander de quoi pourra bien ĂȘtre fait le dialogue de ce soir. Jâopte pour une position neutre et une sincĂšre curiositĂ© envers lâhistoire et la vie de mes hĂŽtes. Cela tombe prĂ©cisĂ©ment au moment oĂč je souhaite centrer davantage Carnets de Rando sur lâhumain. Câest lâoccasion rĂȘvĂ©e de mettre en pratique lâidĂ©e. Ă 19h, je me suis refais une allure et je sonne Ă lâentrĂ©e du logement de Michel et InĂšs Monot. Partager la table, en tĂȘte-Ă -tĂȘte et dans le cachet unique dâune abbaye millĂ©naire, dâun des plus importants reprĂ©sentants territoriaux de la chasse Ă courre et de sa compagne, est une expĂ©rience singuliĂšre pour un randonneur. Michel nous y a rejoints en lĂ©ger diffĂ©rĂ©, occupĂ© Ă gĂ©rer la destruction dâun essaim de frelons dans une aile de la propriĂ©tĂ©. Câest un personnage Ă la taille impressionnante, Ă la voix Ă la fois bien placĂ©e et posĂ©e, terriblement charismatique. Un Ă©quilibre habile de bienveillance et dâautoritĂ© qui invite au respect. Autour dâun repas succulent, on a parlĂ© de leur vie, ici et avant ici, du Parc, de randonnĂ©e et, Ă©videmment, de chasse. Quâon ne sây trompe pas, les Monot ne sont pas des aristocrates entourĂ©s de valets. Ils font tout eux-mĂȘme et sâĂ©puisent Ă la tĂąche. La vie Ă lâAbbaye nâa rien dâune vie de chĂąteau. Câest bien sĂ»r la vĂ©nerie qui les a rĂ©unis aujourdâhui, ici, au Val des Choues, Ă la tĂȘte de PiquâAvant-Bourgogne, un Ă©quipage de 150 chiens créé en 1999 dans la voie du sanglier. Les journĂ©es sont longues pour entretenir et faire vivre lâabbaye. Et encore plus quand on concourt Ă ĂȘtre des acteurs engagĂ©s dans la vie culturelle et territoriale de sa rĂ©gion tout en dĂ©fendant la chasse avec une foi non feinte. Les Monot auraient pu juste dĂ©cider de sâadonner Ă leur passion en privĂ©, Ă fermer la porte de leur domaine et Ă tourner le dos aux critiques fĂ©roces. Mais non. Câest exactement le contraire quâils ont fait. Ce Parc National de ForĂȘts, pour nous, câest une chance et non lâinverse. Il va permettre dâaccueillir tout un nouveau public. , mâexplique Michel avec conviction. Ă nous de nous adapter et Ă lui ouvrir les portes de notre maison de la chasse pour, jâespĂšre, tenter de la dĂ©mystifier. La philosophie câest dâexpliquer cette histoire, cette antĂ©rioritĂ© qui la fait passer de la tradition Ă la culture. » Le discours est sincĂšre et nâa rien de dĂ©magogique. Au-delĂ de mes croyances, je suis bluffĂ© par la volontĂ© dâouverture de Michel, par cette invitation au dialogue, par ce souci manifeste de transmettre les valeurs quâil aime et quâil incarne. On aime ou on nâaime pas la chasse Ă courre mais on ne peut pas enlever aux Monot dâĂȘtre dans la bonne attitude et dâĂȘtre citĂ©s en exemple comme des pacificateurs dans la guerre ouverte qui oppose parfois les chasseurs aux non-chasseurs. Le Val des Choues est une zone franche, un geste dâapaisement qui veut prouver que la chasse Ă courre nâest pas dictĂ©e par un instinct criminel ou par le goĂ»t du sang. Câest une passion, une culture et, contre toute attente, un haut respect du vivant. Du moins quand câest bien menĂ©. On paye malheureusement les Ă©carts et les mauvais comportements dâautres Ă©quipages. , plaide Michel. Il suffit de quelques imbĂ©ciles pour condamner un collectif entier. » Michel Ă©voque et dĂ©plore ces sĂ©quences barbares quâon voit circuler sur le web. On a pleinement conscience de donner la mort Ă un animal. », poursuit-il. Ce nâest pas anodin. Et lorsquâon le fait, on doit le faire avec le respect nĂ©cessaire. » La vĂ©nerie, ici, nâest pas un hobby câest un art de vivre dans et avec la nature. Pour lâexpliquer, Michel et sa femme ont ouvert le MusĂ©e-OpĂ©ra de la VĂ©nerie. Un parcours pĂ©dagogique, visuel et sonore, pour naviguer avec tous ses sens dans cet univers quâon ne connaĂźt finalement pas. Une suite de piĂšces Ă lâagencement maĂźtrisĂ© et aux dĂ©cors soigneusement choisis qui ne peut pas laisser le visiteur indiffĂ©rent. Les Ă©poux ne sont pas en manque dâidĂ©es pour faire du site un lieu de partage. Ici on a le sens de lâaccueil et de lâhospitalitĂ©. Et une envie tenace de faire entrer le visiteur dans lâintimitĂ© dâune passion maudite par un public nĂ©ophyte Câest le point dâorgue dâune visite au Val des Choues, aprĂšs avoir flĂąnĂ© dans les immenses jardins Ă la française qui, longtemps, ont accueilli spectacles, concerts et cĂ©lĂ©brations Ă©questres dans les annĂ©es 90. Un succĂšs Ă©vĂ©nementiel que le site doit Ă InĂšs Monot. Dernier-nĂ© de cette fiĂšvre crĂ©atrice, le MusĂ©e OpĂ©ra bĂ©nĂ©ficie depuis peu dâune scĂ©nographie de qualitĂ© qui veut transmettre les codes de la vĂ©nerie aux nĂ©ophytes. On propose Ă©galement Ă ceux qui le dĂ©sirent dâaccompagner une chasse, Ă pied ou Ă vĂ©lo. Ainsi ils peuvent se faire leur propre idĂ©e. » Encore une idĂ©e incroyable qui plaide en faveur de la cohabitation. Une mine dâinspiration pour renouer un difficile dialogue entre le public et les chasseurs. Avant de quitter Michel et InĂšs le lendemain pour la suite de mes reportages en Pays ChĂątillonnais, je rends visite au chenil. Les quelques 150 Grands Anglo-Français Tricolores qui constituent la meute sont lĂ , rĂ©partis en diffĂ©rentes courettes. Loin des chiens sanguinaires quâon pourrait trop facilement imaginer, je trouve des pĂ©pĂšres cĂąlins Ă lâĆil tendre et curieux. ĂlevĂ©s Ă lâodeur dâun seul gibier â ici le sanglier â ils ne bronchent pas au passage dâautres espĂšces. Un Ă©pisode de chasse se solde parfois â et mĂȘme souvent â par une dĂ©faite. La meute est mise en Ă©chec par le gibier et câest ainsi. » souhaite rappeler Michel. Le repas de la meute est assurĂ©ment un instant fascinant et magique oĂč la communion entre lâanimal et lâhomme sâexpriment avec une solennitĂ© Ă©tonnante La meute est nourrie en fin de journĂ©e. Un moment incroyable lorsque, dâune seule parole de Michel, les aboiements nourris par lâexcitation du repas sâarrĂȘtent net. En quittant le Val des Choues, mon regard sur la chasse a changĂ©. Je suis grĂ© Ă Michel, InĂšs et leurs enfants de mâavoir permis dâentrevoir lâhumain au-delĂ de la main qui tient le fusil. On connaĂźt bien la caricature, hĂ©ritĂ©e de La TĂ©lĂ© des Inconnus dans les annĂ©es 90, qui questionne la diffĂ©rence entre un bon et un mauvais chasseur. Si je sais, malheureusement que trop, ce quâest un mauvais chasseur, je sais aussi, depuis ma visite au Val des Choues, ce quâest un chasseur armĂ© de bon sens. VENIR EN PAYS CHĂTILLONNAIS En voiture Le point dâancrage pour cette escapade dans le Parc National de ForĂȘts, câest la trĂšs belle ville de ChĂątillon-sur-Seine qui, a elle seule, mĂ©rite la visite. Jây reviendrai dans un prochain article. ChĂątillon est un point assez central dans un cercle disposĂ© autour de Dijon, Troyes, Auxerre, Chaumont et Langres. On peut donc le rejoindre facilement depuis la plupart des axes. Pour les sudistes, comme moi, on arrivera nĂ©cessairement par lâautoroute lâA6, on sortira Ă Dijon et on rejoindra ChĂątillon par la D971 6h environ. Dijon sera Ă©galement le point de passage en arrivant depuis le Jura ou Mulhouse 3h30 environ. Pour le Grand Est, en revanche, on passera plutĂŽt par Chaumont puis par la D65, qui devient ensuite D965 environ 4h depuis Strasbourg. Le Nord contournera Paris pour passer par Troyes et descendre sur ChĂątillon par la D671, qui devient ensuite D971 5h depuis Lille. Les Parisiens, eux, descendront par lâA6 via Auxerre puis, par la sortie 20 et la D965, tireront sur ChĂątillon via Tonnerre 3h environ. Auxerre sera aussi point de passage pour les Bretons, en passant dâabord par OrlĂ©ans 8h depuis Brest. Le Grand Ouest et Sud-Ouest, quant Ă eux, prĂ©fĂ©reront viser Clermont-Ferrand ou Moulins pour rejoindre dâabord Nevers, puis en diagonale Avallon pour attraper lâA6, la suivre au sud jusquâĂ la sortie 23 puis, via Montbard et la D980, rejoindre enfin ChĂątillon 7h30 environ depuis Bordeaux. En train/bus La gare de ChĂątillon-sur-Seine nâest plus en service. Il faut passer par la gare de Montbard 30mn en voiture de ChĂątillon puis prendre la ligne 126 jusquâĂ ChĂątillon. AccessibilitĂ© Ă©galement depuis Dijon avec 5 trains par jours environ 1h30 de trajet et un tarif allant de 15 Ă 20 euros. Pour celles et ceux qui arriveraient en train depuis Dijon, câest la ligne 124 jusquâĂ 7 dĂ©parts quotidiens quâil faudra emprunter. ACCĂS AU VAL DES CHOUES ET AU PARC NATIONAL DE FORĂTS Depuis ChĂątillon-sur-Seine, suivre Ă lâest la D928, direction Langres et Recey-sur-Ource. Au croisement avec la D13, continuer Ă droite par la D928 direction A31, Maisey-le-Duc et Vanvey. Traverser Maisey et rejoindre Vanvey. Dans le village, juste aprĂšs lâĂ©glise, tourner Ă droite par la route C3 direction Villiers-le-Duc et Ancienne Abbaye du Val des Choues. Attention, aprĂšs 100 mĂštres, ignorer la direction Villiers-le-Duc par la D112a sur votre droite et poursuivre tout droit en suivant les indications Abbaye du Val des Choues. Stationnement devant le mur dâenceinte de lâabbaye. Depuis ChĂątillon-sur-Seine, comptez 30 minutes 22,5 km. CIRCUIT DU VAL DES CHOUES LE TOPO Note suivre un topo en forĂȘt nâest pas chose aisĂ©e mĂȘme si jâai tentĂ© dâĂȘtre le plus prĂ©cis possible par rapport au terrain et Ă la carte. Sur place le balisage est correct mais restez nĂ©anmoins attentif en forĂȘt, on rate vite une balise ! Je vous mets, en plus, un lien vers le fichier GPX du parcours. Depuis le parking de lâAbbaye, rejoindre le panneau dâinformation de la randonnĂ©e en continuant par la route forestiĂšre. Partir Ă droite de celui-ci par une belle allĂ©e de taillis et entrer ensuite dans le sous-bois par la gauche 1. Grimper une cĂŽte et Ă la patte dâoie suivante, prendre Ă gauche 2. Rejoindre ainsi rapidement la TranchĂ©e du Val des Choues quâon suit par la gauche 3. AprĂšs environ 800 mĂštres, Ă un croisement de 5 chemins, quitter la tranchĂ©e Ă gauche 4. Le chemin va amorcer une descente progressive jusquâĂ rejoindre lâextrĂ©mitĂ© de la TranchĂ©e de la Haute Enclave 5. La suivre et la poursuivre lorsquâelle opĂšre, plus loin, un coude marquĂ© Ă droite. 300m avant dâatteindre la Route ForestiĂšre de la Combe aux Cerfs Ă Essarois, repĂ©rer le balisage qui repart en arriĂšre, Ă gauche, Ă la faveur dâune intersection avec le Chemin du Bas de Comet 6. Le suivre jusquâĂ son extrĂ©mitĂ© 7. Dans lâespace final, partir dans les taillis, Ă gauche. Un peu plus loin, bien suivre le balisage Ă droite 8 qui sâĂ©tire ensuite tout droit par un chemin en sous-bois. AprĂšs environ 600 mĂštres, il coupe un autre chemin 9 le suivre Ă gauche. Ă la suite dâune courbe Ă droite, il finit par rejoindre une route goudronnĂ©e 10. La suivre dâabord sur la droite pendant une quinzaine de mĂštres puis prendre Ă gauche par un chemin en forĂȘt jusquâĂ rejoindre une large piste 11. La suivre Ă gauche jusquâĂ une ligne Ă©lectrique et tourner Ă gauche par la TranchĂ©e de la Villie Ă Essarois 12. Le balisage dĂ©croche lĂ©gĂšrement Ă droite un peu plus tard, via un chemin plus forestier 13. Le suivre jusquâĂ croiser une nouvelle piste 14. Tourner dessus Ă gauche et descendre jusquâĂ rejoindre lâabbaye. RECOMMANDATIONS PARTICULIĂRES & DIFFICULTĂ Bon on devrait assez vite faire le tour de la question. Cette randonnĂ©e dans le Parc National de ForĂȘts, câest de la balade. Ă lâexception dâune courte cĂŽte, au dĂ©but, pour rĂ©veiller un peu les mollets, aucune difficultĂ© physique nâest Ă prĂ©voir tout du long. Câest plus de la vigilance qui est recommandĂ©e pour bien veiller Ă rester sur lâitinĂ©raire balisĂ©. Comme je lâai dit dans le pas-Ă -pas ci-dessus, le balisage est trĂšs correct mais il suffit de quelques secondes dâinattention pour rater une balise et sâengager sur le mauvais chemin. Les forĂȘts, vous le savez, ce sont des labyrinthes. NâhĂ©sitez donc pas Ă vĂ©rifier rĂ©guliĂšrement votre chemin avec la carto et le topo. Comme Ă chaque reportage en forĂȘt, jâinsiste sur la nĂ©cessaire et frĂ©quente attention quâil faudra porter aux tiques. Ne nous leurrons pas il y en a. Ăa fait partie du patrimoine forestier, câest ainsi. Vous aurez donc avec vous tout le nĂ©cessaire dans le sac Ă dos le rĂ©pulsif, la pince Ă tiques et lâantisepâŠtique bien sĂ»r ! Autre chose, qui a son importance vous lâavez lu dans lâarticle, on est ici au pays de la chasse. La pĂ©riode de chasse court de mi-septembre Ă fin fĂ©vrier. Il est donc prĂ©fĂ©rable dâĂ©viter la forĂȘt Ă cette pĂ©riode et les jours concernĂ©s. Pour anticiper, pensez Ă consulter la carte des jours de chasse en battue pour le grand gibier sur le dĂ©partement de la CĂŽte-dâOr. LE CIRCUIT DU VAL DES CHOUES AVIS PERSO & CONSEILS Pour celles et ceux que ma prose fatigue et/ou qui nâont pas vingt minutes pour lire un article en entier, je vous fais une synthĂšse ici. Courte et facile, cette petite boucle est une vraie opportunitĂ© de prendre le pouls de ce Parc National de ForĂȘts. Pour en profiter pleinement, jâai deux conseils le premier câest prenez le temps. Le temps dâobserver, de guetter, de comprendre, de ressentir. Si vous ne faites que marcher dâune traite, vous passerez Ă cĂŽtĂ© de lâesprit de cet itinĂ©raire. Mon deuxiĂšme conseil câest, si vous ne vous sentez pas capable dâinteragir avec le milieu par vous-mĂȘme, faites vous aider et partez accompagnĂ©es par quelquâun comme Sylvain. Vous trouverez de bons conseils Ă la Maison de la ForĂȘt de Lenglay. Bon, moi, comme je suis gourmand, jâen aurais aimĂ© encore plus. Plus de rencontre avec la faune â mais ça, ça ne sâimprovise pas comme ça â plus dâexploration en profondeur pour pĂ©nĂ©trer le cĆur de la forĂȘt, plus de fleurs et de lumiĂšres magiques â mais ça câest merci le Covid-19 car, initialement, ce reportage aurait dĂ» se faire plutĂŽt au printemps quâen plein Ă©tĂ©. Alors un troisiĂšme conseil, ce serait de bien choisir vos heures et votre saison pour que le dĂ©cor soit encore plus magique. Et Dieu que, dans ces forĂȘts, il y a de la magie dans lâair derriĂšre chaque arbre. Enfin, dernier point de vue, sur le sujet sensible de ce reportage la chasse Ă courre. Je me suis bien fait allumer sur ce sujet sur les rĂ©seaux quand je lâai Ă©voquĂ© Ă lâĂ©poque du tournage. Ăa montre Ă quel point câest tendu et que la rĂ©flexion est Ă©vincĂ©e au profit de la colĂšre. Moi je ne vous dis quâune chose venez au Val des Choues et voyez par vous-mĂȘmes. Rencontrez et parlez avec Michel et InĂšs Monot. Partagez leur table et une soirĂ©e avec eux. Et faites vous votre propre avis. Ă dĂ©faut dâen changer, vous aurez au moins les arguments pour savoir de quoi on parle rĂ©ellement. Du moins ici, en CĂŽte-dâOr. Et vous profiterez au passage du cadre prestigieux de lâabbaye. Câest instructif et ça fait rĂ©flĂ©chir sur nos jugements faciles et trop souvent portĂ©s sans connaissance des sujets. HĂBERGEMENT ASSOCIĂ Abbaye du Val des Choues testĂ© et approuvĂ© Dormir dans le cadre impressionnant dâune abbaye sĂ©culaire, en plein milieu du Parc National de ForĂȘts, ça nâest pas donnĂ© tous les jours. Quand, en plus, elle est situĂ©e juste devant le dĂ©part de lâitinĂ©raire, ça ne se refuse pas. Et quand elle offre, de surcroĂźt, la possibilitĂ© dâune rencontre riche en enseignements et en leçon de tolĂ©rance, on ne rĂ©flĂ©chit pas et on y va. Un passage au Val des Choues est le prolongement nĂ©cessaire Ă cette boucle de randonnĂ©e. Câest un lieu hors du temps et, de surcroĂźt, on mange plus que trĂšs bien Ă la table de Michel et InĂšs. Et, contre toute attente quand on nâest pas, Ă la base, un grand fan de la chasse, on passe un excellent moment avec eux. Pas dâhĂ©sitation donc dormez au Val des Choues ! 2 chambres dâhĂŽtes, 90 Ă 110 euros la nuit, petit-dĂ©jeuner inclus. Note prĂ©sence Ă©galement sur le site dâun gĂźte de groupe pour 15 personnes, en location Ă la semaine ou week-end
cFMCh. haezqf21xb.pages.dev/38haezqf21xb.pages.dev/546haezqf21xb.pages.dev/573haezqf21xb.pages.dev/348haezqf21xb.pages.dev/551haezqf21xb.pages.dev/88haezqf21xb.pages.dev/593haezqf21xb.pages.dev/315
comment faire un oeil de dieu en vannerie