Unsuperbe récit monté en un plan séquence (sans coupes) de deux heures. 1917 est sans doute le meilleur film sur la Première Guerre mondiale depuis Les Sentiers de la gloire de Kubrick (1957
L’objectif de ce bref article est de présenter la question de l’hostilité et de l’ennemi qui sera thématisée dans mes prochaines publications sur cette plateforme. Je propose d’analyser la dernière scène du film de Stanley Kubrick intitulé Les Sentiers de la Gloire Paths of Glory. Film en noir et blanc de 1957, la guerre des tranchées de 14-18 y est mise en scène à partir du point de vue de l’armée française. L’ennemi, à savoir l’unité formée par les soldats des différents corps d’armée de l’Empire Allemand ou Deuxième Reich, n’apparaît que par la médiation de tirs meurtriers, jamais directement. Sauf dans la dernière scène lorsque la situation hostile devient rapport réfléchi à l’hostilité, lorsqu’une volonté de destruction remonte à sa possibilité, perd ses fondements et n’apparaît plus nécessaire. En ce sens, cette scène présente une mise en image de la contingence inhérente à la constitution d’un objet politique l’ennemi. L’élément narratif du film naît d’une décision militaire d’ordre tactique. Celle-ci est conforme à la stratégie de l’attaque à outrance, préconisée à l’époque entre autres par Foch et essentiellement par l’armée française, suivant un modèle assez peu clausewitzien puisque le théoricien du 19e siècle accordait toujours la supériorité militaire à la défense. Dans le film, l’état-major français ordonne de lancer une offensive quasiment impossible sur la colline aux fourmis ». Repoussé par le feu ennemi, le 701e régiment – qui au passage n’a jamais existé – commandé par le colonel Dax, rôle joué par Kirk Douglas, doit se replier. Le général Mireau, chef de l’offensive, observe la scène de loin en sécurité dans un bunker et demande alors de traduire en conseil de guerre le régiment entier pour lâcheté face à l’ennemi ». Malgré l’opposition de Dax, avocat dans la vie civile, trois hommes tirés au sort se trouvent condamnés à mort et exécutés. Dax avait entre-temps soumis au général Broulard, chef de l’état-major, les preuves que le général Mireau avait ordonné à l’artillerie de tirer sur le régiment dans les tranchées françaises pendant l’attaque lorsque les soldats, confrontés au massacre de leurs camarades, avaient refusé de s’exposer sur le champ de bataille. Broulard révoque alors Mireau et propose son poste à Dax en croyant que celui-ci a agi par simple ambition carriériste, comme tout fonctionnaire responsable de la défense de l’État. Dax, personnage central du film du fait de son grade de colonel qui lui permet de communiquer avec le simple soldat comme avec la tête de l’armée, refuse avec véhémence. La dernière scène a lieu juste après. Le colonel Dax sort du bâtiment de l’état-major pour se rendre dans ses quartiers. Au moment d’en ouvrir la porte, il entend des cris et des sifflements en provenance d’une sorte de café-théâtre, situé juste à côté. En restant à l’extérieur de l’établissement et à distance de l’assemblée de soldats, réunie devant une scène avec un piano, le spectateur perçoit l’action du point de vue du colonel, même si par la suite l’action est filmée à l’intérieur. Un présentateur intervient ainsi dans un plan orienté sur la scène. Il y amène une Allemande, probablement prisonnière, rôle joué par Christiane Kubrick. Dans un environnement gris et noir en raison des vêtements des soldats et des couleurs de la scène, la chemise blanche de la femme, alors en train de sangloter – elle représente l’ennemi soumis à la volonté du dominant – donne lieu à un contraste unique dans le film. Le présentateur l’invite à dire bonjour à ses messieurs » en s’adressant à elle en allemand. Elle utilise sa langue pour lui répondre et provoque alors les exclamations des soldats. Elle ne comprend pas ce qu’ils disent et eux ne la comprennent pas non plus. L’un d’eux se lève afin de lui dire de parler une langue civilisée », signe dans les esprits du camp français que l’ennemi leur a été désigné comme barbare, comme le révèle la sonorité incompréhensible de sa langue. S’en prendre à un tel ennemi ne revient donc qu’à défendre le collectif de l’humanité civilisée dont l’usage de la parole reposerait sur davantage de raison. Le présentateur reprend la parole en dénigrant l’Allemande, montrée comme dénuée de talent, en dehors de sa beauté physique, accentuée par sa pureté au milieu des Poilus qui se divertissent avant de retourner au front. La réaction des soldats reste constante et s’accentue en présence de la féminité une exclamation belliqueuse et relativement misogyne, c’est-à -dire empreinte d’une forme d’hostilité à l’égard de la femme et de ce qu’elle représente, une hostilité entremêlée d’un violent désir, parce qu’elle représente la familiarité et la sécurité dont le soldat est privé. La violence de ce rapport hostile est rendue par l’enchaînement des champs-contrechamps où l’Allemande est face à une masse d’hommes. C’est de plus la seule femme du film. Le présentateur explique enfin aux soldats qu’elle est dotée d’une voix d’or. Les sifflements et hurlements de la masse masquent l’échange verbal entre le présentateur et l’Allemande. Mais en lisant sur les lèvres de ce dernier, on devine qu’il lui demande de chanter Der treue Husar, chanson dont l’origine remonte au poème Die gute Sieben, chant populaire retranscrit déjà en 1808 par Brentano et Von Arnim dans le troisième volume de leur Des Knaben Wunderhorn[1]. Elle se met à chanter, sans parvenir à se faire entendre sous les acclamations de la masse de soldats. L’un deux réclame pourtant qu’elle chante plus fort et performativement se fait entendre lui-même de ses camarades. La masse de soldats reste filmée en contre-plongée afin de montrer son ascendance sur la prisonnière isolée dans le cadre du plan suivant. Puis le silence se fait peu à peu, les plans sur les soldats se resserrent sur des individus dont l’expression face à l’ennemi change progressivement. Ils ne comprennent toujours pas sa langue. Mais ils se taisent pour l’écouter, acceptant ainsi l’ascendance momentanée de la prisonnière, exercée par son chant. On observe un retournement du rapport de pouvoir présent dans la structure en dialogue de toute communication. Trois strophes sont prononcées par la chanteuse[2]. Les soldats reprennent en cœur la mélodie à partir de la fin de la première strophe. Leur fredonnement remplace les sifflets et porte véritablement le chant de l’Allemande. Es war einmal ein treue Husar Der liebt sein Mädchen ein ganzes Jahr, Ein ganze Jahr und noch viel mehr Die Liebe nahm kein Ende mehr. Und als man ihm die Botschaft bracht, Dass sein Herbzlichen im Sterben lag, Da liess er all sein Hab und Gut, Und eilte seinem Herzliebchen zu. “Ach bitte Mutter bring ein Licht, Mein Liebchen stirbt – ich seh es nicht.” Das war fürwahr ein treuer Husar Der liebt’ sein Mädchen ein ganzes Jahr. » Il était une fois un fidèle hussard Qui aima sa compagne toute une année Toute une année et plus encore L’amour ne prendrait plus fin Et lorsqu’on lui apprit la nouvelle, Que sa bien-aimée allait mourir, Alors il laissa là tous ses biens, Et se pressa auprès de sa bien-aimée. “S’il te plaît mère, accorde nous une lumière, Mon aimée se meurt – je ne la vois pas.” C’était pour vrai un fidèle hussard, Qui aima sa compagne toute une année. » Les plans suivants enchaînent les visages de soldats désormais présentés isolés dans leurs sanglots, tout en restant unis dans la reprise du chant d’une langue qui n’est pas la leur. L’hostilité prend fin dans la communauté du deuil imaginé qui en dépit de tout désaccord conflictuel reste universel. Enfin, nous revenons au colonel Dax, filmé de face quelques secondes, songeur face à ce qui vient de se produire. Un de ses subalternes le ramène à la situation de guerre en l’avertissant qu’il faut repartir au front. Il décide d’accorder quelques minutes supplémentaires aux soldats, puis retourne à ses quartiers sur le pas d’une marche militaire, autre mélodie bien plus sinistre qui clôture ainsi le film. Cette mise en scène de l’ennemi, qui n’apparaît que sous les traits de la femme, dans une scène de réconciliation finale, a probablement justifié les interdictions momentanées de la diffusion du film dans certains pays comme la France, l’Allemagne ou l’Espagne franquiste le ton est anti-militariste. Le film produit une critique de la représentation de l’ennemi comme objet abstrait de haine dont la concrétisation par la destruction peut être suspendue. Cette figure abstraite de l’ennemi est produite par l’art militaire lui-même et reste loin d’être la seule envisageable dans la légitimisation de la violence afin de mener les guerres modernes. Par exemple, l’ennemi assimilé à la figure du criminel est encore une autre modalité que Kubrick cherchait à montrer dans certains de ses films. Il expliquait son choix de personnages, d’ores et déjà condamnés dès l’origine à subir un ordre politique et social qu’ils ne peuvent que refuser, dans une interview du 12 décembre 1958 Le criminel est toujours intéressant à l’écran parce qu’il est un paradoxe de personnalité, une collection de violents contrastes. Le soldat est fascinant parce que toutes les circonstances qui l’entourent sont chargées d’une sorte d’intensité. Malgré toute son horreur, la guerre est le drame à l’état pur probablement parce qu’elle est une des rares situations persistantes où des hommes peuvent se dresser et parler pour les principes qu’ils pensent leurs. Le criminel et le soldat ont au moins cette vertu d’être pour quelque chose ou contre quelque chose dans un monde où tant de gens ont appris à accepter une sorte de néant grisâtre, à afficher une série illusoire de poses afin qu’on les juge “normaux” ou “ordinaires”. Il est difficile de dire qui est engagé dans la plus vaste conspiration le criminel, le soldat ou nous. »[3] L’intensité et la folie de la guerre sont donc mises en contraste par Kubrick avec la vie monotone, plus précisément unidimensionnelle, des spectateurs de la fin des années 50. Si la guerre doit avoir un sens, ce n’est pas d’être l’erreur d’un système social pacifique fondé structurellement sur l’échange économique. La violence socio-politique n’est pas non plus un penchant inné du genre humain dont les ultimes causes seraient biologiques, suivant l’idée d’une concurrence vitale imposant une institutionnalisation hiérarchisée de la politique et une exclusion des anormaux dont les supposées constantes biologiques hostiles seraient déréglées ou malades. Les sociétés de masse nées des différentes révolutions industrielles expriment leur hostilité interne dans une dislocation du rapport sociopolitique au territoire, un modèle à concevoir par analogie avec une tectonique des plaques. Cette dislocation instaure des situations limites où l’individu, afin d’exister, doit s’opposer violemment, c’est-à -dire avec hostilité, à l’illusion de la vie pacifiée. Dans le contexte du réalisateur, il s’agit plus précisément de la vie quotidienne à l’époque de la Guerre froide, dans toute sa dimension fictive de pacification, considérée normale, en dépit des opérations de guerres effectives menées hors des territoires russes et nord-américains à cette époque. Cadrée par cette normalité, selon Kubrick, la vie ordinaire n’offre qu’une passivité nécessairement suspecte. Qui est l’ennemi et comment apparaît-il ? Comme le dit Kubrick, criminels et soldats s’opposent à la banalité ordinaire. Pour autant, l’ennemi se conçoit-il strictement dans son opposition à toute amitié normale et raisonnable, se réduisant à l’anormalité accidentelle d’une société ? La guerre est un rapport collectif qui engage nécessairement une compréhension même naïve de l’altérité, compréhension qui conditionne en retour celle de soi-même dans l’acte de l’agression violente en situation hostile. Développer une pensée de la guerre dans ce contexte consiste d’abord à porter la critique sur la notion d’ennemi en politique. La désignation de l’ennemi joue la fonction d’une justification légitime pour tout conflit armé direct ou indirect. Quel est le statut sociopolitique de cet ennemi ? Parle-t-on d’un seul ennemi, de plusieurs, de son idée, de son abstraction ? L’histoire de la philosophie politique suppose que derrière le mot ennemi » se cache surtout le nom de Carl Schmitt. Il suffit de songer à ses conceptualisations effectuées entre autres dans La notion de politique ou dans l’un de ses textes plus tardifs, comme La théorie du partisan. La compromission politique de cet auteur discrédite rapidement l’usage de la notion. Mais dès lors que la recherche philosophique fait jouer un sens critique contre le sens historique, l’objectif d’une recherche sur l’hostilité se réduit à montrer qu’une rationalité politique, soutenue par une anthropologie propre aux rapports collectifs de violence, doit être élaborée en vue de comprendre ce qu’est la relation à l’hostilité en général – et non seulement à l’ennemi – relation à l’hostilité qui fonde d’une manière ou d’une autre toute polis. Autrement dit, comme l’extrait de film de Kubrick tend à le mettre en scène, l’ennemi existentiel des écrits de Schmitt n’est pas le fondement du politique, mais le résultat d’un art de la guerre et de ses évolutions – celui de la Première Guerre mondiale – qui nécessite d’être historicisé afin de mieux comprendre la relation étroite entre la désignation d’un ennemi et tout imaginaire national. [1] Arnim Achim von et Brentano Clemens, Des Knaben Wunderhorn, Alte deutsche Lieder, Vol. 3, Heidelberg, Mohr und Zimmer, 1808, p. 34-36. [2] Différente des versions classiques du 19e comme du 20e siècle. [3] Traduit d’une interview en anglais au New York Time Magazine du 12 décembre 1958. Texte lisible en archive sur internet Extrait traduit “The criminal is always interesting on the screen because he is a paradox of personality, a collection of violent contrasts”, Kubrick says. “The soldier is absorbing because all the circumstances surrounding him have a kind of charged intensity. For all its horror, war is pure drama, probably because it is one of the few remaining situations were men stand up for and speak up for what they believe to be their principles. The criminal and the soldier at least have the virtue of being for something or against something in a world where many people have learned to accept a kind of gray nothingness, to strike an unreal series of poses in order to be considered normal’ or average’. It’s difficult to say who is engaged in the greater conspiracy – the criminal, the soldier, or us.”LESSENTIERS DE LA GLOIRE Affiche de film - 40x60 cm. - 1975 - Kirk Douglas, Stanley Kubrick: Amazon.fr: Cuisine & Maison Choisir vos préférences en matière de cookies Nous
Kirk Douglas s'est éteint à l'âge de 103 ans le 5 février 2020, comme l'a annoncé son fils Michael Douglas sur les réseaux sociaux. C'est un siècle de vie et d'Histoire du cinéma qui vient donc de s'achever. L'existence même de Kirk Douglas ressemble à un scénario à côté duquel celui des "Avengers" fait pâle figure sa famille juive originaire de l'actuelle Biélorussie fuit l'Europe antisémite pour les États-Unis. Le jeune Issur Danielovitch Demsky y naît en 1916 et prend le nom de Kirk Douglas à ses débuts d'acteur. La guerre interrompt sa carrière, il sert dans la marine, puis s'impose au cinéma à partir des années 50. 3 fois nommé aux Oscars, il ne sera jamais récompensé, sauf d'une statuette d'honneur en 1996. C'est en France, en fait, que l'acteur aura été le mieux et le plus célébré. De Spartacus à La captive aux yeux clairs, des Sentiers de la gloire à Règlement de compte à OK Corral, en passant par Les ensorcelés, Douglas rencontre à la fois les plus grands metteurs en scène. Retour sur la carrière du géant d'Hollywood. 1. "La Captive aux yeux clairs" 1952 Dans les années 50, sa carrière est déjà bien lancée aux États-Unis. Kirk Douglas se lance dans le western avec La Captive aux yeux clairs The Big Sky en version originale devant la caméra d'Howard Hawks. C'est le premier film que l'acteur tourne sans la Warner. Après La Vallée des géants, il décide de ne pas renouveler son contrat avec le mastodonte de la production hollywoodienne. Dans La Captive aux yeux clairs, il incarne Jim Deakins, qui rejoint une expédition de trappeurs avec son ami Boone Caudill Dewey Martin. Leur but ? Remonter le Missouri et doubler la compagnie qui truste le commerce de fourrure. Ils sont sont accompagnés par Teal Eye Elizabeth Threatt, fille d'un chef indien qui doit leur faciliter le contact avec sa tribu. Une rivalité amoureuse s'installe entre les deux hommes, alors que le danger est permanent. 2. "Les Ensorcelés" 1952Réalisé par Vincente Minnelli, le film remporte cinq Oscars sur six nominations. C'est un record pour un film qui n'était pas nommé dans les catégories de Meilleur film et Meilleur réalisateur. Quant à la musique The Bad and the Beautiful écrite par David Raksin, elle est entrée dans la légende du jazz. Dans ce film, Kirk Douglas incarne Jonathan Shields, producteur qui tente de réaliser un film inédit dans l'Hollywood des années 50, avec Fred Amiel Barry Sullivan et Georgia Lorrison Lana Turner. Sans oublier Walter Pidgeon, qui joue le rôle d'Harry Pebbel, l'associé de Jonathan, embarqué dans cette histoire aux nombreux rebondissements. 3. "Règlement de comptes à Corral" 1957Kirk Douglas retourne au western avec John Sturges. Le film s'inspire de faits réels la fusillade d' Corral en 1881, à Tombstone dans l'Arizona, qui est l'une des plus célèbres fusillades dans l'histoire de la Conquête de l'Ouest. 3 hommes sont tués pendant ce conflit à l'arme à feu. Dans Règlement de comptes à Corral, Kirk Douglas le joueur de poker Doc Holliday partage l'affiche avec Burt Lancaster le shérif Wyatt Earp et Rhonda Fleming Laura Denbow. C'est la deuxième fois que les deux acteurs jouent ensemble, après L'Homme aux abois de Byron Haskin. Ils ne participeront pas à Sept secondes en enfer, la suite du film, sortie en 1967. 4. "Les Sentiers de la gloire" 1957 Avant Spartacus, Kubrick et Douglas démarrent leur légende avec Les Sentiers de la gloire. Adapté du roman éponyme d'Humphrey Cobb , il permet à Stanley Kubrick de faire ses preuves à Hollywood. L'histoire se déroule dans les tranchées françaises en 1916. Le colonel Dax Kirk Douglas et ses hommes sont sommés d'attaquer une position allemande, très protégées. Son régiment est repoussé. Le général Mireau George Macready ordonne alors à l'artillerie de tirer sur ses propres troupes pour continuer l'attaque, un ordre que refuse. Parce qu'il dénonce le comportement de la hiérarchie militaire, l'animalisation des soldats et l'armée française, le film subit une importante censure en Europe. Il ne sera d'ailleurs pas diffusé en France. Il faudra attendre 1975, soit 18 ans, pour qu'il soit projeté dans les salles de l'Hexagone. 5. "Les Vikings" 1958 Fresque épique de Richard Fleischer, Les Vikings retrace l'histoire du chef viking Ragnar Ernest Borgnine, son fils légitime Einar Kirk Douglas et son bâtard Erik Tony Curtis. Ignorant leur lien de parenté, les deux guerriers, dont l'un est considéré comme un esclave, se vouent une haine farouche, renforcée par leur intérêt mutuel pour la princesse Morgana Janet Leigh. Amoureuse d'Erik, mais promise au roi Aella, Morgana pourra finalement rester avec celui qu'elle l'aime. Quant à Einar, en apprenant qu'Erik est son frère, il mourra en guerrier épée à la main, comme son père Ragnar. 6. "Spartacus" 1960 Qui ne connaît pas Spartacus, l'esclave qui s'est révolté contre Rome ? Kirk Douglas l'a de nouveau fait entrer dans la légende en l'incarnant devant la caméra de Stanley Kubrick, avec Laurence Olivier, Peter Ustinov Oscar du Meilleur second rôle masculin et Jean Simons. Kirk Douglas retrouve aussi Tony Curtis de Vikings. Cependant, le film possède des scènes trop violentes pour l'époque, ce n'est qu'en 1991 qu'il sera diffusé avec les images de charniers des batailles. C'est sans aucun doute l'un des plus grands rôles de Kirk Douglas pour des générations de spectateurs et spectatrices. 7. " Les Héros de Télémark" 1965Pour ce film, le réalisateur Anthony Mann s'est inspiré de "la bataille de l'eau lourde" de la Seconde Guerre mondiale, dans la course à la bombe atomique. Elle désigne cinq opérations militaires successives menées par les Alliés pour une détruire une usine productrice d'eau lourde en Norvège. L’action se déroule à Télémark, où un un commando doit infiltrer l'usine et la détruire. Kirk Douglas est le docteur Rolf Pedersen, Richard Harris incarne Knut Straud et Ulla Jacobsson est Anna Pedersen. 8. "La Caravane de feu" 1967"Last but not least"... Kirk Douglas retourne au western avec La Caravane de feu de Burt Kennedy. Adapté du roman Badman de Clair Huffaker, il raconte comment Taw Jackson John Wayne décide de se venger après avoir été jeté en prison, parce que ses terres se trouvaient sur un gisement d'or. Pour cette vendetta, il engage le tueur à gages Lomax Kirk Douglas, qui finalement décide de travailler pour Franck Pierce, celui qui avait jeté Taw en prison. L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail. Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien S’abonner à la Newsletter RTL InfoLaffiche de La Rançon de la gloire, le film de Saeed Roustaee, qui dresse le portrait d'une société iranienne en crise, débarque en France au cinéma mercredi 24 août. Présenté au Les sentiers de la gloire 1957 de Stanley Kubrick est tiré du roman de Humphrey Cobb Paths of Glory. Ce film nous ramène dans la violence de la première guerre mondiale de 1914 à 1918. C’est surement l’envie de Kirk Douglas de jouer le rôle du Colonel Dax qui a donné la confiance au studio de financer en partie le film. La guerre de 1914-1918 commence à s’enliser, et l’état-major décide de lancer une contre-offensive sur la colline aux fourmis qui a quasiment aucune chance d’aboutir. Cela ressemble terriblement à l’offensive du Général Nivelle dans le chemin aux dames qui coûta la vie à de nombreux soldats français en pure perte. Le 701ème régiment commandé par le Colonel Dax est repoussé par le feux allemand. Il se replie en base arrière. Le général Mireau qui est le stratège de ce plan d’attaque décide de faire exécuter des soldats tirés au sort pour les traduire devant un conseil de guerre pour procéder à leur exécution. Le général Mireau considère que ces soldats ont été lâches, et il veut en faire un exemple pour la suite. Le Colonel Dax s’y oppose fermement, et delà né un conflit entre les deux hommes. Trois hommes sont ainsi exécutés. Le Colonel Dax décide de s’expliquer avec le chef d’état-major, le général Broulard en lui apportant la preuve que le général Mireau a fait tirer sur sa propre armée en pleine offensive. Le général Broulard révoque le général Mireau et propose au Colonel Dax le poste de ce dernier. Le Colonel Dax qui est habité par l’idéalisme des justes refuse la proposition qui lui est faite. Le roman de Humphrey Cobb Paths of Glory 1935 a été rédigé au moment même où des soldats français exécutés pendant la guerre de 1914-1918 venaient d’être réhabilités. En France ce sont près de 2 000 soldats qui ont été fusillés pour l’exemple par l’armée pour avoir reculé sous le feu ennemi. Le général Revilhac est connu pour avoir fait tirer au sort des soldats de son régiment pour les exécuter. Dans l’absurdité de la guerre, des soldats ont même été réanimés pour les conduire au peloton d’exécution. Dans ce troisième film que réalise Stanley Kubrick, on peut noter l’utilisation de la caméra subjective qui amplifie l’intensité de la violence contre les soldats, le champ-contrechamp qui démultiplie les effectifs de soldats, des plans d’ensemble qui met en évidence l’horreur de la guerre. La caméra objective montre le champ de bataille pendant que la caméra subjective montre les soldats perdus dans les tranchées. On semble parfois être dans la peau d’un Fabrice Del Dongo sur les champs de batailles napoléoniens. Le jeune Fabrice semble presque étranger au spectacle qu’il contemple. Stendhal dans La chartreuse de Parme ne voit que du fatum dans l’esprit de Fabrice, contrairement au Colonel Dax qui s’est fait son jugement moral sur les événements dont il est le témoin. Le Colonel Dax semble d’ailleurs nous dire pourquoi la guerre ? Un film contre l’état-major français Stanley Kubrick a voulu, à travers la tragédie de la violence, démontrer l’horreur de l’homme et l’absurdité de la logique militaire. L’état –major français durant la guerre de 1914-1918 a eu un comportement très critiquable, et critiqué. Ils ont mené une guerre où l’homme était la chair du canon. Le comportement de généraux comme Revilhac ou Nivelle a été fortement critiqué. Ils se sont comportés sans considération pour la vie des hommes qu’ils commandaient. C’est un film sur l’injustice. On ne voit jamais les soldats se battre les uns contre les autres. On voit des obus qui tantôt frappent une tranchée avec la force d’un éclair. L’injustice c’est la mort aléatoire des soldats, mais aussi le sort tragique de l’homme. L’ordre des soldats repose sur leur rapport à la mort et à leur faculté d’en faire abstraction. Individus et lieux Il y a une véritable volonté de Stanley Kubrick de jouer sur l’effet de contraste. Les militaires les plus gradés évoluent dans une ambiance de luxe. Ils vivent et travaillent dans un château. Leurs diners sont de très grandes factures. Ils semblent ne manquer de rien. Ils portent haut, et on sent qu’ils viennent dans milieu social favorisé. Cet effet de contraste est accentué par les plans très larges dans le château de l’État-major, et les plans serrés en travelling dans les tranchées pour les soldats. Le Colonel Dax qui dispose d’une grande chambre fait remarquer qu’elle est petite » par rapport à celle des autres officiers supérieurs de l’État-major. Il est le seul officier supérieur à faire l’intermédiaire entre les deux mondes, et les deux espaces. Il parle aussi bien au général Broulard qu’aux soldats du rang. On sait qu’il est avocat. C’est un idéaliste. Le chef d’État-major est un cynique qui ne prend en compte que son intérêt propre. Le cynisme ne se retrouve qu’en haut lieu. Le Colonel Dax qui visite souvent les tranchées ne peut comprendre ce cynisme quand il est au prise avec cette réalité. Il y a une dissociation lieu/sentiment et lieu/individu. Cette effet d’opposition renforce la critique sociale et l’hypocrisie bourgeoise de la première guerre mondiale. Individus et héros Les vrais héros du film sont ceux qui ont l’honneur de la caméra de Stanley Kubrick. Ce sont les soldats perdus dans la masse informe de la guerre. Ceux-là n’ont pas d’existence propre, ni de nom pour les nommer. Ce sont des individus et rien d’autre. Ils n’existent qu’en collectivité ; jamais pour eux. Cela ne fait rien au général Broulard ou au général Mireau de savoir qu’ils vont mourir. Ils pensent que ceux sont eux les héros, mais ils ne sont rien. Stanley Kubrick a bien voulu les montrer comme ils sont. Cela explique son jeu de caméra pendant toute la partie du film relative à l’offensive. Les sentiers de la gloire est un film sur les individus face à la guerre. Il s’agit de montrer une réalité sociale cruelle, mais qui a existé. Kirk Douglas avait dit à Stanley Kubrick que ce film n’allait pas rapporter d’argent, mais qu’il fallait faire. L’envie de Kirk Douglas de faire ce film avait donner la confiance au studio de réaliser le film. Ce fut le premier succès de Stanley Kubrick qui devint célèbre suite à ce film. Commentne pas penser au film, « les sentiers de la gloire »(ou encore au film « voyage au bout de l’enfer « ) de Stanley Kubrick qui fut interdit en France pendant 18 ans et qui montre le A Saint-Denis les journées du patrimoine se sont terminées par la projection en plein air, derrière la cathédrale, du film de Kubrick Les sentiers de la gloire. Nous l'avons présenté, inutile d'y revenir. Le beau temps a été au rendez-vous, comme le public. La Lanterne magique a eu l'idée de faire la projection de ce film en noir et blanc sur la façade d'un immeuble, ce qui a donné aux images un caractère inhabituel, un peu comme s'il avait lui-même souffert de la guerre. Après une brève évocation de la coopération entre les deux associations, Centenaires commémoratifs et la Lanterne magique, la projection du film a été introduite par un petit discours de présentation d'un quart d'heure par Patrick Mougenet. Chacun a ainsi pu se faire une idée précise de son enjeu de politique intérieure dans le contexte des années 1957-58, en pleine guerre d'Algérie. Patrick a successivement évoqué les événements historiques à l'origine du roman d'Humphrey Cobb, base du scénario, ce qu'on peut qualifier de base réelle de la fiction, l'exécution pour l'exemple de quatre malheureux. Il a aussi donné quelques informations sur le tournage du film en Allemagne, le succès immédiat de ce chef d'oeuvre d'un tout jeune cinéaste porté par de fortes convictions. Pour finir, il a retracé la polémique suscitée par, entre autres, l'intervention de Romain Gary écrivain par ailleurs admirable, polémique qui a eu lieu au moment de sa sortie en France. Et a conduit à l'interdiction du film. Pour ceux qui voudraient réviser leurs fiches, voici la page consacrée aux Sentiers d'un blog de cinéclub, Cinésium Bon, quel bilan tirer ? On aurait aimé plus de chaises de la part de la mairie ! et l'organisation peut globalement être améliorée. Mais l'idée était bonne et l'initiative devrait être suivie d'autres du même genre. Encore merci à la Lanterne magique pour ce coup de pouce dans les commémorations du centenaire ! Et à bientôt !